Famille de
LHIA Seigneurs de Ginals et de Camboulan, Coseigneurs
d’Ols (Notes et approche généalogique)
Armoiries
: D’azur au lion d’or couronné du même, armé et lampassé de gueules..Tenants : Deux sauvages armés d’un
bâton-noueux.
Le nom de cette ancienne
famille noble, attestée depuis le XIIIe siècle dans le causse de Villeneuve et
dans cette ville, se trouve orthographié dans les actes sous les formes LIÉ,
LHIÉ, LIA, LHIA ― la plus fréquente au XIVe siècle ―, enfin
LHYA, précédé plus tardivement de la particule ; c’est néanmoins le patronyme
L’HYA que lui donnent Etienne Cabrol (il est l’auteur d’un mémoire
manuscrit sur la famille de « L’Hya », fondé sur
quelques actes mais aussi de fréquentes suppositions quant aux filiations
Archives d’Ardenne de Tizac) et, à sa
suite, H. de Barrau (H. de Barrau,
Documens généalogiques …, T. II,
p. 389 ; il s’agit d’une très courte notice), puis le marquis de Valady. Elle
portait pour armes un lion couronné, ainsi qu’elles figurent au second parti de
l’écu des Valette-Toulonjac sculpté au début du XVe siècle sur le linteau d’une
cheminée du château de Toulonjac, vraisemblablement le tout d’or sur champ
d’azur. La plupart des auteurs lui attribuent certes un lion, mais non couronné
et pour les uns il est d’or sur gueules (Ibidem, III, 447,
en note. Il s’agit en fait des armes de Morlhon que
les Valette de Labro et de Cornusson portaient au
second parti de leur écu en raison de l’alliance contractée en 1445 par Bernard
Valette avec Gaillarde de Morlhon-Valette)., pour
d’autres d’or sur azur (L. Esquieu, Essai d’un
armorial quercynois, Paris, 1907, p. 185 ; J. B. Rietstap, Armorial
général, Lyon, 1900, T. II-3, p. 92). C’est leur version qu’il m’a semblé
devoir retenir quant aux émaux, car il s’agit des quartiers 2 et 3 des armes de
la famille de L’Olmie de Rams en laquelle se fondit
au XVIe siècle la branche des Lhya de Camboulan)., ou encore de gueules, armé et lampassé
d’azur, sur argent (Barrau, op. cit., II, 389) .
Cette famille a formé deux branches
principales, l’une en possession de la seigneurie de Ginals et en partie de
celles d’Ols, puis de Toulonjac, fondue à la fin du
XIVe siècle dans une branche cadette de la famille VALETTE, dite de Parisot,
anoblie en 1382, l’autre, en possession de la seigneurie de Camboulan,
fondue à son tour vers la fin du XVIe siècle dans la maison de l’OLMIE
originaire du Quercy. Sa filiation ne peut être établie avec certitude, faute
de documents explicites. Il est toutefois possible d’en proposer ici une
approche, fondée d’une part, sur la transmission d’une génération à l’autre des
terres et seigneuries appartenant à l’une et à l’autre branche, d’autre part,
sur un écart minimum de l’ordre de vingt à trente ans entre deux générations,
enfin sur le groupe familial dans lequel l’une et l’autre branche ont contracté
préférentiellement leurs alliances matrimoniales.
Quatre membres portant le
patronyme, sous une ou autre forme, sont attestés à la fin du XIIIe siècle et
les premières années du suivant, notamment à Villeneuve où, présume-t-on, les
deux premiers d’entre eux, Géraud et Raymond, frères, enrichis de fraîche date,
semblent avoir pratiqué le prêt et pris à ferme la gestion des revenus de la
communauté (J. Belmont, « Les gens du roi dans la sénéchaussée de Rouergue
(1271-1314) » in Etudes aveyronnaises, Recueil des travaux de la Sté
des lettres, sciences et arts de l’Aveyron, 2010, p.55). :
- Géraud LHIÉ, qualifié
prud’homme de Villeneuve en 1284, qui fut consul de ladite ville pour les
années 1291, 1292, 1293 et 1303. Vers 1290, il aurait fait le pèlerinage de
Saint-Jacques de Compostelle avec plusieurs autres notables de Villeneuve.
Comme son frère Raymond, il n’appartenait pas à la noblesse car tous deux
durent payer les droits de franc-fief en 1309.
- Raymond LHIÉ, frère de
Géraud, est qualifié comme lui prud’homme de Villeneuve, notamment en 1295,
1297 et 1301. On ignore le degré de parenté de Géraud et Raymond avec les deux
suivants :
- Bertrand LHIA, le seul
qui à cette époque est qualifié noble, est apparemment l’auteur de la branche
d’Ols et de Ginals, qui suit.
- Bernard LHIÉ, qualifié
savant en droit en 1298, paraît être l’auteur de la branche des seigneurs de Camboulan, qui suivra.
Branche d’Ols,
de Ginals et de Toulonjac
Armoiries de Bernard Valette, seigneur de Toulonjac (Valette, parti de Lhia),
Linteau d’une cheminée du château de Toulonjac (XVe siècle).
Cette branche, que l’on peut suivre durant cinq générations, se
distingue nettement de la seconde, aussi bien par ses fiefs situés à l’ouest et
sud-ouest de Villeneuve, notamment Ols, Ginals et
Toulonjac, que par les alliances matrimoniales que ses membres, hommes ou
femmes, ont contracté avec des familles possessionnées dans la même région,
principalement les Garin, plus tard Guérin, d’Ols ;
les Molières, de Sainte-Croix, les Rouget, de Nauviale, et les Saumade, de
Toulonjac.
I -
Bertrand I
LHIA, coseigneur d’Ols. Il est qualifié noble et coseigneur d’Ols, dans un acte du 3 mars 1314 cité dans une note
manuscrite d’Etienne Cabrol (E. Cabrol, ms., Archives d’Ardenne de Tizac).. La possession de ce
fief, tenu par indivis avec les Garin jusqu’en 1399 (cf. infra), pourrait provenir,
comme ce fut le cas pour ceux-ci, d’un mariage contracté avec une Balaguier. On ignore le nom de son épouse et l’on présume
qu’il eut entre autres enfants deux fils, Bertrand, qui suit, et Bernard, qui
suivra.
II -
Bertrand II
LHIA, chevalier,
coseigneur d’Ols. Il se qualifiait chevalier et
résidait à Villeneuve en 1348 et 1354 ((Barrau, Doc., III, 442).
x (ca 1330) Saure de MOLIÈRES, probablement fille
de Pierre de MOLIÈRES, damoiseau, coseigneur de Sainte-Croix, et de Fine de
MORLHON, car elle devait tenir son prénom de Saure de
Cadolle, aïeule de Fine (En effet, Pierre de Molière avait épousé, par
contrat du 1er juin 1307, Fine de Morlhon, fille de
Pons de Morlhon, lui-même fils d’Ozile
de Morlhon et de Saure de Cadolle (E . Cabrol, Annales de
Villefranche, I, 118). D’où :
III - Cécile de LHIA. x par contrat du 3 mars 1364, Raymond de
ROUGET, damoiseau de Villeneuve, fils de Géraud de Rouget, damoiseau,
seigneur de Nauviale, et de Lucie de Saumade, celle-ci fille de Bernard,
coseigneur de Toulonjac en 1307, et de Galharde Lo
Vert (Morlhon). D’où postérité.
et
probablement :
III - Alfonsa LHIA.
C’est elle en effet qui hérita du fief
d’Ols, ainsi qu’en témoigne l’hommage rendu au roi en
son nom par son fils, noble Bernard Lhia, de
Villeneuve, « pour le lieu appelé d’Olce, avec ses
appartenances, par indivis avec noble Pierre Garin et Marguerite Guine III (Valady, Châteaux, III, 368.
Le jour précédent, 8 juillet, noble Pierre Garin, habitant d’Ols, avait
rendu pareil hommage au roi pour tout ce qui lui appartenait au lieu d’Azols (forme locale d’Ols)
et ses appartenances sis dans le bailliage de
Villeneuve (A.D. T&G. A 81).
x (ca 1360) avec Hugues LHIA, seigneur
de Ginals, son cousin, marié en premières noces avec Béatrix de SAUMADE (cf. infra).
D’où ledit Bernard (II, au IVe degré).
II - Bernard I LHIA,
chevalier, seigneur de Ginals. Qualifié seigneur de Ginals lorsque, en 1350, sa
fille Arnaude épouse Guillaume de Valette-Floyrac, il est aussi qualifié chevalier quand, le 12 avril
1346, il est témoin à l’hommage consenti à l’évêque de Rodez par noble Pierre
Saumade, chevalier, de la paroisse de Toulonjac, « devant la porte de l’église
ou chapelle de Notre-Dame de Mauriac, paroisse de Villeneuve » (A.D. Av. G
907), ainsi que le 21 avril suivant, dans l’acte d’hommage consenti à l’évêque
par Guillaume Massip, de Villeneuve, où il est
mentionné comme tenant une terre confrontant avec « lo
Pech de Colombier », sis aux appartenances du Pouget (ibid. G 666).
x (ca 1320-1330) avec Marquèze de GARIN, soeur de Hugues GARIN, damoiseau, coseigneur d’Ols et de Moyrazès en 1310 et 1328 (Av. G 573 et G 857),
probablement fils de Guillaume Garin, chevalier en 1306. D’où, entre autres
enfants :
III - Hugues LHIA, qui suit.
III - Arnaude de LHIA. x 1350 avec Guillaume
de VALETTE, fils puîné de Jourdain de Valette, seigneur de Floyrac et de Saint-Grat, et de
Souveraine de La Roque. Dont un fils Bertrand de Valette.
III - Hugues LHIA, seigneur de Ginals. Il est le
premier et le seul des Lhia à porter le prénom
Hugues, qu’il doit à son oncle maternel et sans doute parrain Hugues Garin. Il
figure, aux côtés de Bernard Lhia, son cousin (de
branche de Camboulan), parmi les habitants de
Villeneuve qui, réunis dans l’église paroissiale le 9 février 1361 (1362 n.
st.), firent leur soumission et prêtèrent serment de fidélité au roi
d’Angleterre devant Jean Chandos, son lieutenant U. Cabrol, Mém. de la Sté des Amis de Villefranche et du
Bas-Rouergue, 1927, p. 336). Elu 2e consul de Villeneuve en
décembre 1369 pour l’année 1370, le 1er mars suivant, il fut chargé avec le 1er
consul Raymond Saumade de passer une convention avec le comte Jean d’Armagnac
et de Rodez, agissant au nom du duc d’Anjou (Cf. J. Dumoulin, Villeneuve
et le Rouergue occidental, Ed. Castay, 1990,
p 143-144). Il mourut avant 1399.
x (ca 1350) avec Béatrix de
SAUMADE, fille de Gaillard SAUMADE, seigneur de Toulonjac, docteur ès droits,
juge du comté de Rodez en 1354 et 1358, et sœur de Jean SAUMADE, seigneur de
Toulonjac (†/1399) (Gaillard Saumade était fils de noble Bernard Saumade, acquéreur
d’une partie de la seigneurie de Toulonjac en 1307, et de Galharde
Lo Vert (Morlhon), celle-ci fille de d’Ozil Lo Vert, damoiseau, coseigneur de Toulonjac). Elle dut
décéder vers 1360, ne laissant de son mariage qu’une fille, Sybille, dont les
enfants héritèrent de Toulonjac après la mort de Jean Saumade.
xx (ca 1360) Alfonsa LHIA, dame en
partie d’Ols, fille de Bertrand et de Saure de
MOLIÈRES (cf.supra).
D’où, du premier lit :
IV - Sybille, ou Sébelie, LHIA. x 1376 avec
Pierre VALETTE (†1408), coseigneur de Parisot et
autres lieux, trésorier et conseiller du comte de Rodez, anobli en 1382, fils
de Bernard VALETTE, notaire de Maleville, et de Catherine de JOUAUS).
N[oble] Pierre Valette, du Bourg de
Rodez, rendit hommage au roi, le 9 juillet 1399, à Villefranche, devant Jean de
Bonnebaut, sénéchal de Rouergue, pour lui, à raison
de divers fiefs acquis dans différentes paroisses de la Basse Marche de Rouergue,
et pour sa femme « n[oble] Sebelia
Lhia », à raison « d’une part d’un terrain à Salvanhac, indivise avec B[ernard],
son frère » (A.D. T&G. A 81) (Le fief de Toulonjac ne figure
donc pas dans cet hommage, ce qui prouve que Sybille de Lhia
n’en avait point hérité, car c’est son fils aîné Amalric qui l’hommage au roi
le même jour, et il est fort probable que celui-ci l’avait hérité de son oncle
Jean Saumade. Cet hommage prouve aussi le second mariage de Hugues Lhia, dont naquit Bernard Lhia,
dit frère de Sybille). D’où, entre autres enfants :
V -
Amalric VALETTE, coseigneur de Parisot, et seigneur de Gramond à la suite de son
mariage contracté en 1397 avec Sicarde de LEVI, alias de LEU,
dame de Gramond, auteur de deux branches : les seigneurs de Gramond,
Carcenac et autres lieux ; les seigneurs de Labro,
Lalbenque, Cornusson, et autres lieux (C’est à
tort qu’on le donne fils d’un premier mariage que Pierre Valette aurait
contracté avec une Louise de Vesinis, ou Vezins
(cf. Barrau, Doc., II, 378)
; cette filiation erronée procède de la confusion faite par La Chenaye-Desbois
puis Courcelles entre les Valette-Cuzoul et les ValetteParisot voir Cf. ma notice sur les familles
Valette).
Il
hérita de Toulonjac, probablement de son oncle Jean Saumade, comme il ressort
de l’hommage qu’il rendit au roi, le même jour que son père, 9 juillet 1399, à
raison, entre autres biens nobles, du lieu de Toulonjac, « tenu en fief franc
et libre, avec ses appartenances et la partie que tenaient autrefois les nobles
seigneurs Gaillard Saumade et son fils Jean, et dans laquelle il a turrim, hospicia,
casalia, fortalicium, hortes, etc., et les parties qu’avaient en ce lieu
et ses dépendances noble Bernard de Rouget » et autres (Valady, Châteaux, III, 134.
Bernard de Rouget descendait du mariage contracté en 1332 par Géraud de Rouget
avec Lucie de Saumade, fille de Bernard, coseigneur de Toulonjac, et de Galharde Lo Vert).
V -
Bernard VALETTE (†1465), seigneur de Toulonjac, marié en 1407 avec Sybille de
BELCASTEL, dont il eut postérité, et en secondes noces avec Hélène de ROUGET. Il
eut en partage le fief de Toulonjac, sans doute à la suite de la transaction
passée le 17 décembre 1409 entre lui et son frère sur les biens paternels, car
dès le début de l’année suivante, le 15 janvier 1410 (n.st.), il se qualifiait
seigneur de Toulonjac dans l’acte de reconnaissance qu’il consentait à l’évêque
de Rodez pour une maison à Maleville (A.D. Av. G 923). Peu de temps après, de
1421 à 1442, il fit rebâtir et fortifier le château et fit sculpter sur le
linteau d’une vaste cheminée située au rez-de-chaussée les armes des Valette.
Avec Bernard Lhia, son oncle, il possédait des
censives sur le village de Fargues, en la paroisse de Maleville (A.D. Av. G
923).
V - Marcébélie VALETTE, qualifiée noble, mariée, vers
1400, à Raymond de TOURLONG, licencié ès droits, avocat du roi en la
sénéchaussée de Rouergue, dont postérité (familles de TOURLONG, de SELGES, Du
RIEU).
Du second lit :
IV - Bernard II LHIA, seigneur
de Ginals (?). Frère de Sybille Lhia, avec laquelle
il possédait par indivis une terre à Salvanhac
(A.D.T&G. A 91), il rendit hommage au roi, le 9 juillet 1399, comme «
procureur de noble Alfonsa Lhia,
sa mère », pour le fief d’Olce (sic) avec
ses appartenances, tenu par indivis avec noble Pierre Garin (Valady, Châteaux, III, 363). Dans un
acte du 30 juin 1410, il est mentionné avec noble Bernard Valette comme
possédant des censives sur le village de Fargues en la paroisse de Maleville
(A.D. Av. G 923). Il est probable que c’est lui qui succéda à son père comme
seigneur de Ginals, ainsi que semble le prouver un acte de 1449 où son fils
Pierre se qualifie seigneur dudit lieu (cf. infra).
x N… avec (une MASSIP-Fabre ?). D’où :
V - Pierre de LHIA, alias LHIÉ. Qualifié
noble, il est certainement fils de Bernard et peut être d’une Massip-Fabre, fille de Pierre, car dans une reconnaissance
consentie en 1449, il se qualifie « seigneur de Ginals et de Toulonjac » et
agit comme procureur de noble dame [Jeanne] de Massip,
veuve de noble Olivier du Pont et fille et héritière de Pierre Massip-Fabre, qui tient la quatrième partie de la tour des Gaubertz (paroisse de Savignac), confrontant l’autre partie
appartenant à noble Sebelie Massip,
sa sœur, épouse de noble Antoine de Balaguier, et du
dessus avec partie de la tour appartenant à noble Raymond de Puecho (Archives de La Pèze, cité par J. de Pomairols, Une famille de
Villefranche-de-Rouergue, Pomairols,
Villefranche-de-Rouergue, 1936, p. 166). Ainsi, d’après cet acte, Pierre
de Lhia aurait possédé des droits sur Toulonjac, mais
sans doute de moindre importance que ceux de son cousin Bernard Valette qui
depuis 1410 se qualifiait seigneur de Toulonjac et devait y résider après avoir
reconstruit le château (La famille de Leveron possédait aussi à
cette époque et jusqu'à la fin du siècle des droits importants sur la paroisse
et seigneurie de Toulonjac (cf. Valady, Châteaux, III, 134). En
revanche, il est fort possible qu’il possédât en propre le fief de Ginals,
hérité évidemment de son père. Il est mentionné dans un autre acte de
reconnaissance consentie par noble Antoine de Balaguier,
le 22 décembre 1456, comme résidant à Cénac et possédant des terres confrontant
avec la tour des Gaubertz (Valady, Châteaux, III, 167).
x avec Bertrande
de ROUGET, fille de Bernard de ROUGET, damoiseau, seigneur de Nauviale, et
de Fleurette de BALAGUIER, marié en 1416 (Barrau, Doc., III,
444). Elle était sœur d’Hélène de Rouget, seconde épouse de Bernard Valette,
seigneur de Toulonjac, et d’Isabelle de Rouget, épouse de noble Jean de Leveron.
Pierre de Lhia
ne semble pas avoir eu d’enfants de son mariage car, d’après un acte du 11 mars
1478, Ginals était en possession du fils aîné de Bernard Valette-Toulonjac,
noble Pierre de La Valette, a(lors consul de Villeneuve, qualifié seigneur de
Toulonjac et de Ginals (A.D. Av. G 936).
II Branche de Camboulan
La branche de Camboulan n’apparaît avec certitude que dans la seconde
moitié du XIVe siècle et l’on ignore comment elle est alors entrée en
possession de ce fief situé à Ambeyrac, au nord-ouest de Villeneuve, et de son
château dominant le Lot. La qualité de seigneur de Camboulan
que ses membres prennent alors est le seul indice permettant de les
différencier des membres de l’autre branche malgré des prénoms identiques,
surtout Bernard et Pierre, portés par les uns et les autres à la même
génération. En l’état actuel de nos connaissances, il n’est pas possible
d’établir leur filiation avec certitude. On ne peut en proposer ici qu’une
approche fondée sur la transmission de Camboulan
d’une génération à l’autre. On n’est en effet que fort peu documenté sur leurs
alliances matrimoniales durant le XIVe siècle. Les quelques mariages attestés
au siècle suivant semblent indiquer qu’ils les ont recherchées de préférence
dans des familles implantées au nord et nord-est du bailliage de Villeneuve,
notamment les Boysson ou Buisson, d’Aubin, les Pénavayre, de Rodelle, et les Bernard, de Salles-Comtaux.
Ils étaient établis à Villeneuve, comme leurs cousins, mais plus fréquemment
que ceux-ci, y furent investis des fonctions consulaires jusqu’à la fin du XVe
siècle, époque où ils semblent avoir quitté la ville.
On présume que l’auteur de cette branche est Bernard Lhié, qui suit, en raison de biens qu’il possédait à
Foissac, comme quelque quarante ans plus tard un autre Bernard Lhié, ou Lhia, qui paraît avoir
été le premier possesseur de Camboulan.
Bernard LHIÉ, savant
en droit, de Villeneuve Prud’homme et conseiller de la Villeneuve en 1290, il
exerça l’office de procureur du roi en la cour de justice des montagnes du
Rouergue de 1293 à 1300, qu’il cumula avec celle de Millau de 1297 à 1299, puis
en la sénéchaussée de Rouergue de 1300 à 1305. L’année suivante, il fut investi
de la charge de juge en la cour royale de Sauveterre qu’il exerça jusqu’en
1326, ayant été nommé clerc du roi en 1318 (J. Belmont, op. cit., notices 41 (p. 54-56), 54 (p. 63), 57 (p.
65) et 58(p. 66). Il était lieutenant de Pierre de Ferrières, sénéchal de
Rouergue, lorsque, le 26 décembre 1318, il scelle de son sceau ― un bouquet de trois fleurs dans le champ, lié
par le bas, accosté des lettres B et A ― une lettre
exécutoire d’un mandement royal portant ordre de mettre l’abbaye de Bonnecombe en possession de ses nouveaux acquêts 22. C’est
sans doute le même Bernard Lié qui fit l’acquisition, en 1309, d’un mas
appelé de Roumégous, en la paroisse de Foissac (Titres de
la Commanderie de La Tronquière, ms, archives
du château de la Bourresie, f°169). On
ignore le nom de sa femme dont on sait qu’il eut entre autres enfants une
fille, probablement née dans les années 1270, puisque mariée avant 1296 à Pierre de GENEBRIÈRES, de
Villeneuve, alors bayle royal de Peyrusse et vivant encore en 1323 (A.D.
T&G. A 72). On présume qu’il eut aussi un fils, père de Bernard, second du
nom, à partir duquel peut être établie la suite des seigneurs de Camboulan, car celui-ci étant décédé en 1395, il convient
d’admettre qu’il existe au moins une génération entre la sienne et celle de
Bernard, premier du nom.
I - Bernard II LHIÉ, alias LHIA (†1395),
damoiseau, de Villeneuve. Sa filiation avec Bernard Ier du nom est fondée sur
deux actes de baux à fief de mas situés dans la paroisse de Foissac, faits par
« noble Bernard Lié, damoiseau de Villeneuve », l’un en
1354 et l’autre en 1358 (Ibidem, respectivement f°174 et
f°165). Bernard Lhia fut 1er consul de
Villeneuve en 1340. C’est à ce titre et au nom des autres consuls et de la
communauté que, le 2 janvier, après la grand’messe, il lui revint d’acquitter
l’albergue en faveur de l’évêque de Rodez venu à Villeneuve percevoir ce droit
qui lui était dû à l’occasion de son avènement, consistant alors à la remise
d’un écu rouge et d’une somme de 40 sols tournois ; l’évêque avait annoncé sa
venue par une lettre du 24 décembre 1339, sur laquelle Bernard Lhia avait apposé son pr opre sceau en l’absence du sceau consulaire (A.D. Av. G
936). Il figure parmi les habitants de Villeneuve qui, le 8 février 1362,
prêtèrent serment au roi d’Angleterre, et il est présent en qualité de
conseiller à la convention passée en 1370 par Raymond Saumade et Hugues Lhia, 1er et 2e consuls, avec le comte Jean d’Armagnac agissant
au nom du duc d’Anjou(Cf. supra, à propos de Hugues Lhia).
Selon Cabrol, il mourut ab intestat en 1395, laissant deux fils et une fille
qui se partagèrent ses biens, parmi lesquels Camboulan
qui finalement revint à l’aîné (E. Cabrol, Mémoire manuscrit sur la maison de
L’HYA, Archives d’Ardenne de Tizac (repris par
Valady, Châteaux, III, 334). En fait aucun acte connu ne mentionne Bernard avec la qualité de
seigneur de Camboulan. Il se peut donc que Camboulan soit entré en possession de ses descendants, soit
par acquisition, soit à la suite de son mariage avec l’héritière de la famille
qui détenait tout ou partie ce fief (Une Camboulan
? Selon Barrau (Doc., II,
551-552, et III, 780-781). Agnès de Camboulan, fille
unique et héritière de noble Rodolphe de Camboulan,
épousa Izarn Rolland, de Balaguier,
et lui apporta le fief de Camboulan ; ils n’eurent
qu’une fille Jeanne, dame de Camboulan, mariée en
1383 à Fortuné de Lagrèze, d’Ambeyrac). x N. (?). D’où
:
II - Pierre, qui suit.
II - Pons LHIA, vivant en 1395,
décédé ab intestat, ses biens furent partagé entre son frère et sa sœur.
II - Sébelie
de LHIA, vivant en 1395 Cabrol rapporte que cette Sébelie, « que
d’autres disent fille de noble Hugues de L’hya »,
aurait eu en partage Ginals ; il convient d’en douter d’après ce que l’on sait
de Sébelie ou Sybille fille de Hugues (cf. supra).
II - Pierre I LHIA, seigneur
de Camboulan (?). Vivant en 1395, on ne dispose
d’aucun autre acte le concernant permettant de confirmer sa possession de Camboulan, et de connaître le nom de sa femme et de ses enfants.
On suppose qu’il mourut avant 1399.
x N. (?). D’où probablement deux fils, Jean et Bernard, qui suivent :
III - Jean I LHIA, alias LHIÉ, seigneur
de Camboulan. Le premier des Lhia
qualifié seigneur de Camboulan que l’on trouve dans
un acte, il est dénommé Nobilium Joannis Lhié, domini loci
de Cambolano parmi les témoins à la charte de
confirmation des coutumes de Maleville octroyée, le 17 novembre 1399, par Pons
de Cardaillac (M. Andrieu, Mém. de la
Sté des Amis de Villefranche et du Bas-Rouergue, T. 11, p.
244-264 ; p.261).
. On présume qu’il n’eut pas d’enfants et que Camboulan
passa à ses neveux.
III - Bernard III LHIA, alias LYA (†/1420),
damoiseau de Villeneuve. x avant le 27 mars 1397 (A.D. Av. 3E
10807) avec Etiennette de PENAVAYRE, fille de Gui de PENAVAYRE,
coseigneur de Rodelle en 1384 et 1392 (A.D. T&G. A 80), marié avec Valérie,
dont ignore le patronyme. Elle était sœur de Pierre de Pénavayre
qui rendit hommage au comte de Rodez en 1413 (ibid. A 83) et
décéda sans postérité en 1420, de sorte qu’en vertu de la substitution prévue
dans le testament fait par son père en juillet 1411, tous ses biens revinrent à
sa sœur Delphine de Pénavayre, mariée en 1420 à
Raymond des Ondes, coseigneur de Salles-Comtaux (E. Méjane,
J. Poulet et E . Rive, « Famille Penavayre (de) », in
Bull. du Cercle généalogique du Rouergue, N° 87
(janvier 2014).
Bernard Lhia mourut avant 1420, date à laquelle Etiennette était
déjà remariée avec noble Hugues de La Garde, de Maleville. D’où deux filles, Valérie et Antoinette (A. Navelle, Familles nobles et notables du Midi
toulousain aux XVe et XVIIIe siècles, RHM, VIII, p. 30 et p. 39,
d’après lequel Valérie serait fille de Pierre Lye et
d’Etiennette de Pénavayre, et Antoinette fille de
Pierre Lye et d’Antoinette de Peynavayre
; en réalité, il est probable que Pierre était leur frère, leur père commun
étant décédé lorsque ces mariages furent contractés)., et
probablement Pierre :
IV - Valérie de
LHYA, alias LYÉ. Elle devait tenir son prénom de
Valérie, épouse de Guy de Pénavayre x avec Bertrand de
NOGARET, coseigneur de la Valette, capitoul de Toulouse en 1454 (L. de La
Roque, Armorial de la noblesse du Languedoc, généralité de Toulouse, Toulouse,
1863, p.256).
IV - Antoinette
de LHYA, alias LYÉ. x avec Jean de
NOGARET, seigneur de Roquesérière et de Graniague,
qui testa en 1477 et 1481. Leur fils aîné, Sébastien de Nogaret, seigneur de Graniague, fut père d’Antoinette de Nogaret mariée à
Guillot de La Valette, seigneur de Cornusson, frère du
Grand Maître Jean de La Valette (Ibidem, p. 257).
IV - Pierre II LHYA, alias LYA,
damoiseau, seigneur de Camboulan. Résidant à
Villeneuve en 1424 et 1434, il y exerça la charge de 1er consul de l451. Il est
qualifié seigneur de Camboulan en 1452 et 1460. Il
mourut avant 1477.
x (ca 1420-1430) N. D’où, entre autres enfants deux filles,
Hélène et Ahémare, et fort probablement un fils Jean.
V - Hélène
de LYA. x 1452 avec Jean BOYSSON, marchand et changeur à
Figeac, seigneur de La Gache, fils de noble Pierre Boysson, d’Aubin, et de Catherine Prudhomme (L. d’Alauzier, « Les Boysson ou
Buisson, marchands à Aubin, Figeac et Toulouse », in Rouergue
et Confins, Carrère, Rodez, 1958, p. 113).
V - Adhémare de LYA.
x Raymond BOYSSON, marchand drapier à Figeac,
seigneur des Fargues, fils de noble Jean Boysson,
d’Aubin, et de Marquèze Alamand
(Ibidem, p. 114).
V - Jean II LHYA, alias LYA, seigneur
de Camboulan. Fils présumé de Pierre II (Contrairement
à ce qui semble évident à Valady (Châteaux, III,
334), vivant encore en 1510, il ne peut pas être né du mariage contracté un peu
plus d’un siècle auparavant par Bernard II, mort avant 1420, avec Etiennette de
Pénavayre, bien que ce soit lui qui donna quittance
d’une partie de la dot de celle-ci en 1484).
, il lui avait succédé comme
seigneur de Camboulan lorsque, en 1477, il fit
reconnaissance au roi (A.D. Av. C 1007). C’est le même noble Jean Lya, seigneur de Camboulan, qui,
par devant Me Jean Raynaldi, notaire de SallesComtaux, donna en 1484 quittance d’une partie de la
dot d’Etiennette de Pénavayre « veuve de noble
Bernard Lya », à son cousin, Jean des Ondes, du
repaire de Sanhes, paroisse de Lanhac,
fils de feu Jean et par conséquent petit-fils de Delphine de Pénavayre, celle-ci héritière de sa maison et sans doute
décédée peu de temps après avoir testé en 1465 (A.D. Av. E 1210). Il vivait
encore en 1510, suivant un acte du 5 mars par lequel, de concert avec son neveu
Pierre, il fit un échange de rentes foncières avec Bertrand de la Sarrette,
habitant Villefranche (Valady, Châteaux, III, 335). Me Bertrand de la Sarrette fut 1er consul de
Villefranche en 1498 et était juge royal de Sauveterre en 1512 (E. Cabrol, Annales de
Villefranche, I, p. 503 et 546).
On présume qu’il eut entre autres
enfants au moins deux fils, Pierre et Pons :
VI -
Pierre III LHYA, alias LYA, seigneur de Camboulan.
Il est qualifié noble et seigneur de Camboulan dans un
acte du 31 juillet 1505 par lequel on apprend qu’il devait épouser Claire
BOYSSON, fille de Jean, à qui son oncle Pierre Boysson,
seigneur de Vaureilles et de Bauteville, donnait une
dot de 600 écus payables en pastel. Il semble que le mariage n’eut pas lieu,
peut-être en raison du décès du futur, car le 5 octobre suivant Pierre Boysson donnait la même dot à Claire pour son mariage avec
Raymond Ségui, marchand à Toulouse (L. d’Alauzier, Les Boysson …, op. cit., p.116).
VI -
Pons de LHYA, alias LYA, seigneur de Camboulan. Seigneur de Camboulan et déjà marié suivant un acte du 25 juillet 1532,
il appartient à la même génération que Pierre III, et c’est vers la même époque
que celui-ci, vers 1510 au plus tard, qu’il dut épouser Marie de VALETTE, sœur de
Cécile mariée en 1505 à Jean de La Valette, seigneur de Parisot et de Gramond,
toutes deux nées de l’union contractée en 1487 par Antoine de Valette, seigneur
de Toulonjac, de Ginals et d’Algouse, avec Bertrande
de Valette, du Cuzoul. Le couple dut avoir au moins
un fils (VIIe degré), probablement père d’Agnès de Lhya,
qui suit.
VIII (?) - Agnès de
LHYA, dame de Camboulan. Dernière de sa
maison, on la donne à tort comme fille de Pons, alors qu’au moins une
génération l’en sépare puisqu’elle vivait encore lorsque sa fille Suzanne de L’Olmie épousa Pantaléon de Menour,
seigneur de la Carbonnière, par contrat du 22 mai 1631 (A.D. T&G. C 92).
Elle avait épousé Jean-Jacques de L’OLMIE, seigneur du Rams, en Quercy,
dont elle eut au moins deux enfants :
1- Honoré, seigneur de
Rams, père de Louis, coseigneur de Camboulan en 1654 (C’est par
lui que Camboulan passa dans la famille de Fleyres au début du XVIIIe siècle),
2 ladite
Suzanne, dame en partie de Camboulan dont elle fit
donation à son fils Louis de Menour, par acte du 18
septembre 1679 (ibid.)
(La famille de L’Olmie portait pour armes : Ecartelé :
aux 1 et 4, d’argent à l’ormeau de sinople, qui est de L’OLMIE ; aux 2 et
3, d’azur au lion d’or, qui est sans doute de LHYA (Esquieu, op. cit, p.185).
VI - Pierre IV LYA, dit Camboulan. Peut-être le neveu de Jean II, seigneur de Camboulan, avec lequel, en 1510, il fait un échange de
rentes foncières avec Bertrand de la Sarrette (cf. supra), et en
ce cas, son père serait un autre fils de Pierre II. Il est certain en tout cas
qu’il appartient à la descendance de Bernard III et d’Etiennette de Pénavayre, car, à l’instar de celui-ci, c’est dans une famille
de Salles-Comtaux qu’il prit alliance.
x (/1525) avec Marie BERNARD, fille de noble Guillaume
BERNARD et de noble Flore de MONTEL, de Salles-Comtaux. Celle-ci était veuve
quand vers 1522-1525, par-devant Me Aymeric Bissol,
notaire de Salles-Comtaux, Pierre Lya, « dit Camboulan », lui donna quittance de la dot de Marie, son
épouse (A.D. Av. E 901).
Non rattaché :
IV - Jean LHIA,
bourgeois de Villeneuve. Il est qualifié caussetier ― marchand
ou fabriquant de chausses ― quand il fut 4e consul
de Villeneuve en 1457. C’est probablement le même (ou son fils ?) qui fut de nouveau
4e consul en 1472 et témoin, le 3 août 1480, à une reconnaissance féodale consentie
en faveur de Pons de Cardaillac, prieur de Villeneuve (A.D. Av. G 940).
Pierre HOCQUELLET Yvrac, 1980 - 2015