Famille de TORENNE alias THORÈNE
Armes
: d’argent à trois pals de gueules.
Famille d’extraction chevaleresque connue
depuis le XIIe siècle, fondue au XIVe siècle dans
la maison d'Adhémar ou Azémar de Mandagout par laquelle la famille du Rieu et
ses descendants se rattachent à elle vers la fin du XIVe siècle. Elle
tire son nom et son origine du château éponyme situé dans l’ancienne paroisse
de Lespinassole, aux confins du Rouergue et de l’Albigeois (actuellement
commune de Crespin, canton de La Salvetat), dont il ne reste que quelques
ruines sur une pente abrupte de la rive droite du Viaur. Au XIVe siècle, bien
qu’elle ait fixé très tôt sa résidence à Rodez, puis à Compeyre, elle conservait
encore des fiefs dans la baronnie de Castelmary dont dépendait Thorène, comme
en témoignent la maison dite de Torrena mentionnée,
en 1367, dans l’inventaire des biens délaissés par Robert de Castelmary, comme
confrontant avec une vigne lui appartenant à Castelmary, l’hommage rendu en
1380 au seigneur de Castelmary par Hélène de Torenne, alias Thorène, conformément
à autre hommage rendu par ses autheurs, enfin un bail à fief consenti par
celle-ci d’un ortal à Castelmary confrontant avec la rue vieille, en 1414 ((A.D. Aveyron 37 J 1, Cartulaire de Castelmary,
respectivement f°145, f°5 et f°370 (cf. G. Imbert, Le Cartulaire de la baronnie de Castelmary, Toulouse, 2004, p. 72-73, 109 et 110). Les Torenne, qui possédaient plusieurs maisons au Bourg et en la
Cité de Rodez, avaient acquis la moitié d’un droit dit de sénescalcie ou sescalcie ou encore viguerie et parfois Jus dextrandi. Antoine Bonal rapporte que
celui qui en jouissait était tenu, lors de l’entrée à Rodez des nouveaux
évêques, « de leur assister et aller à pied auprez
d’eux, teste et pieds neus, et en ceste posture tenir de la main droicte les
renes de leur monture ; et que pour ce service leur estoyt deuë : la meüle sur
laquelle les evesques foisoient leur dite entrée, ensemble tout le buffet ou
vaysselle et linge de quoy il avoint esté ce jours servis ; et oultre sa part
de touts les mets et viandes desquelles, ce jour, la table du dit seigneur
evesque avoyt esté servie ; et de mesmes des jours de Noel, Pasques et la
Pantecoste, pour regard des viandes seulement » (Antoine Bonal, Histoire des Evêques de Rodez, ms, f°796
: édition par J.L. Rigal (Rodez, 1938), T. II, p. 298, et note 302, p. 624-626.
Cf. aussi : L.-C.-P. Bosc, Mémoires pour servir à
l’histoire du Rouergue, Villefranche-de-Rouergue, 1903,
T. I, p. 259. H. de Barrau, Documens historiques et
généalogiques …, T. III, p. 337 (L’auteur ne
donne qu’une courte notice dans laquelle il ne cite que cinq membres de la
famille). Les actes dont on dispose sont en trop petit nombre ou insuffisamment
explicites pour dresser une généalogie des membres de cette famille 3. Il est toutefois possible de les classer
dans l’ordre chronologique et parfois suggérer à quelle génération ils semblent
appartenir compte tenu de l’âge qu’ils devaient avoir, au moins l’âge de la
majorité, à l’époque où l’acte les concernant fut passé.
Hugues I de TORENNE, chevalier. Ainsi qualifié,
il est témoin à l'acte de reconnaissance des châteaux de Caylus et de Montméjan
consenti à l'évêque de Rodez par R. de Roquefeuil, au château de Cantobre, en 1193
(A.D. Av. G 623), et à un acte passé à Rodez, le 14 des calendes de juin 1216 (ibid. G 621). C’est le même Uc [Hugues] de Torenne qui, en 1196, avec Plaz, sa sœur, vend à Guillaume Veguer [Viguier], à sa femme et à ses
enfants l'alleu du mas Estevenenc da Noguers et le fief qu’on tient d’eux, plus le fief du mas Fabrenc da Noguers et divers autres droits
dans plusieurs hameaux ; ils tenaient le fief du mas Fabrenc de l'évêque Hugues qui approuve
cette vente (ibid. G 667 et G 950). En 1201, tous deux vendent à Hugues, évêque de
Rodez, la « quarta partem sescalcie », c’est à dire le quart du droit de « sénescalcie » dont
jouissait leur famille (ibid. G 515).
Plaz de TORENNE. Sœur de Hugues, attestée dans les actes de vente en 1196 et 1201
(cf. supra) (4 Son prénom Plaz (en 1201), ou Plaza (en 1196), était aussi celui de Plaz de Sévérac, vivant en 1147,
fille de Raimond de Sévérac. 5 Cartulaire de Castelmary, f°53 : Audegier
de Torena, mais aussi « Huc fr. Torena », autre témoin (Imbert, op.cit., p. 47-49).
Audegier de TORENNE. Le 1er mai 1247,
il est témoin à la charte de franchises octroyée par Grimal de Paris et Na
Ozilius, sa femme, aux habitants de Castelmary. C’est peut-être le même Aldegrin de Torène qui, en 1210, possédait une
partie du château de la Mirandole, en la commune de Crespin (R. Noël, Châteaux, I, 591. Le château de la Mirandole s’identifie à celui de
Pont-de-Cirou).
Guilhelme de TORENNE. En 1261, elle reconnaît avoir reçu du seigneur Astruc (de
Limairac) la somme de 30 livres qu'elle avait prêtée au couvent de Bonnecombe,
lequel lui avait donné en garantie le mas de Couderc avec ses droits et ses appartenances ; acte passé au mas de la Croz,
près de Comps-la-Grandville, reçu par Bernard de Magrin, notaire du château de
Calmont-dePlancatge (H. C. Dupont, Revue du Rouergue, N°119 (1979),
p. 224. Astruc de Limairac était prieur du monastère de Bonnecombe.8 Ibidem, p. 229).
Guillaume de TORENNE, chevalier, époux de Orbria. Il est cité comme témoin dans un acte de vente consenti à
Bérenger de Landorre et passé à Rodez en 1268 8. Le lundi après la Saint Jacques 1276, Guillaume Torena, chevalier, de la Cité (de
Rodez), et Pierre Torena, prêtre, frères, vendent à Me Hugues Johannis les trois quarts indivis du village del Boisso, sis à Vabre, quittes de
toute servitude et obligation, où il y a plusieurs pièces de terre et prés,
pour le prix de 75 livres rodanois qui seront employées à payer leurs
créanciers ; cette cession faite avec tous les droits et toute juridiction,
sauf le dernier supplice qui appartient à l’évêque (A.D. Av. G 517). La même année
1276, le lundi après la Saint Martin 1276, c’est encore eux – Guillaume de Torena, chevalier, et Pierre de Torena, prêtre, son
frère – qui vendent à Me Arnaud de Saint- Hilaire, agissant
au nom de l'évêque de Rodez, des maisons qu'ils possèdent dans la Cité de Rodez,
in terralhi vocato de la jogaria,
confrontant avec la rue qui va à l'église de NotreDame vers les maisons de
Hugues Pierre, chevalier, pour le prix de 67 livres ; Orbria, femme de Guillaume,
approuve la vente de ces maisons sur lesquelles sa dot était hypothéquée (ibid. G 501). En 1293, Guillaume de Thorena, chevalier, et Pierre de Thorena sont témoins à la
reconnaissance féodale d’une vigne et d’un pré de l’église de Lumenson consentie
à l'évêque de Rodez par Bernard de Luganhac, de Compeyre, (ibid. G 539).
Pierre de TORENNE, prêtre. Frère de Guillaume en 1276 et 1293 (cf. supra), c’est probablement le même P. Torena, « conduchier » de l'église
de Lumenson en 1270 (A.D. Av. G 543).
Hector I de TORENNE, prêtre. En 1315, « discret
homme Mr Hector de Torena, » jurisconsulte, recteur de l'église de Pradinas,
est arbitre dans un différend entre les recteurs des églises de Tayrac et d'Albanhac
(Cartulaire de Castelmary, f°316 (Imbert, op. cit., p. 58-879). Il est dit noble et originaire
de Compeyre lorsque, en 1333, Guillaume de La Case, fils de noble Pierre,
damoiseau, de Paulhe au diocèse de Vabres, lui vend des maisons situées à
Compeyre (A.D. Av. G 960).
Hugues II de TORENNE, damoiseau. Il possédait, en
1285, plusieurs maisons à Rodez et des biens à Compeyre du chef de sa mère. Il
pourrait donc être un frère de Hector, prêtre, ci-dessus. Le 3 des calendes de septembre
1286 (30 août), par devant Me Guiralh de Ponte, c’est ce même Huc de
Torène, damoiseau du Bourg de Rodez, qui fit
donation à Raymond de Calmont, évêque de Rodez, « de tot drech que el poguès aver en la
novela intrada deld. segnor » (A.D. Av. G 3) (Rigal, op. cit., T. II,
p. 624, note 302), c'est-à-dire d’une partie du
droit de « sénescalcie » sans doute hérité de Hugues Ier du nom dont il pourrait être le
fils.
Hector II de TORENNE (†1337). C’est lui qui
bénéficia du droit de « sénescalcie » le jour de Noël 1324, ainsi qu’en témoigne
la liste dressée par son procureur de ce qu’il emporta ce jour-là et le
lendemain des cuisines de l’évêque (A.D. AV. G 42) (Ibidem). En 1316, il avait fondé une chapellenie desserviable
dans la chapelle dite de Saint-Georges et Saint-Christophe, aujourd’hui
NotreDame de Grâces, en la cathédrale de Rodez, bien qu’elle ne fût pas encore
achevée à cette époque. Il est alors qualifié de seigneur laïc. Cette chapellenie fut plus
tard à la présentation du seigneur de Capluc. Une épitaphe, gravée sur une
pierre enchâssée dans le mur de la chapelle, annonce que le seigneur Hector de
Torène y fut enterré le 6 octobre 1337 (A. Debat, Revue du Rouergue, N° 112 (1974), p. 393. Au-dessous du texte figure l’écu du
défunt inscrit dans un quadrilobe : il semble avoir été martelé, mais on peut
encore discerner les armoiries aux trois pals que portaient les Thorène) :
Bernard de TORENNE, damoiseau. Le 9 février 1319, il transigea avec Hugues Pons,
damoiseau, à propos du litige qui existait entre eux super sescalcia et autres choses
qu'eux et leurs prédécesseurs percevaient lors de la première entrée des
évêques de Rodez ; chacun d'eux prétendait avoir droit à la moitié tandis que
l'autre moitié appartenait à Raymond (du) Fort, damoiseau. Le 12 février 1319,
les arbitres prononçaient leur sentence : Hugues Pons devra renoncer à tous ses
droits et Bernard de Torenne lui donnera en compensation 40 livres petits
tournois ; en outre, les arbitres veulent que les parties renoncent à toute
réclamation qu'elles pourraient se faire à raison de l'héritage de feu Hector
de TORENNE, curé d'Alrance (A.D. Av. G 518). L’évêque Pierre de Pleinecassagne,
qui fit son entrée à Rodez en 1301, venait de décéder le 6 février 1319. C’est
donc en prévision de l’entrée de son successeur, non encore élu, que cette
contestation s’éleva entre Hugues Pons et Bernard de Torenne, lequel fut sans
doute désigné pour défendre les droits de sa famille puisque le jour de Noël
1324, on a vu que c’est Hector II de Torenne qui en bénéficia (13 Le nouvel évêque de Rodez, Pierre
de Castelnau, élu le 14 mars 1319, ne fit son entrée à Rodez qu’en 1324). En 1340, il était le seul
possesseur de la part de ce droit ; c’est à lui en effet que, le 24 mai de
cette année-là, l'évêque Gilbert de Cantobre la lui acheta, moyennant la rente
annuelle de 7 livres 10 sols (A.D. Av. G 42 et G 43). Le 9 octobre 1344, noble Bernard de Torena, damoiseau de
Compeyre, reconnaissait tenir de l'évêque de Rodez, en fief franc et honoré, « une parra ou condamine où il y a maintenant des jardins et des
prés » (A.D. Av. G 949). Il pourrait être frère de
Brenguier et Bertrand, qui suivent, et père de Raymond et d’Hélène, qui suivront.
Brenguier de TORENNE, damoiseau. Il était cousin de noble Bernard SIGAL, damoiseau,
fils de Guillaume Sigal, chevalier, du château de Camboulas, qui l'institua son
héritier universel dans son testament (ca 1333, A.D.
Av. E 965).
Bertrand de TORENNE, damoiseau. Il est présent, en 1342, au procès entre noble Robert
de Castelmary et Durand Nattes, du Bourg de Rodez (A.D. Av. G 966)
Raymond de TORENNE. Fils présumé de Bernard, il s’était chargé avec Pierre Guitard,
chevalier, seigneur de Luganhac, près Compeyre, du commandement de dix lances
au service du pape Grégoire XI, ainsi qu’il ressort d’une quittance donnée par
Pierre Guitard à Guillaume Amarvit, vicaire général de l’évêque de Rodez,
par-devant G. Longuofonte, notaire de Rodez, en 1371 (A.D. Av. E 1124).
Hélène de TORENNE Hélène de Thorène (alias Toraine, Torenne, Tourène), dut naître au plus tôt vers 1330 puisqu’elle
vivait encore en 1414. On suppose qu’elle était fille et héritière de Bernard
car les reconnaissances qui lui furent consenties pour des biens fonciers
situés à Rodez, en 1383 et 1387, sont apparemment ceux que celui-ci
reconnaissait tenir de l’évêque, en 1344 (cf. supra). Elle épousa en premières noces, Jean ADHÉMAR, alias AZÉMAR, damoiseau, puis chevalier,
coseigneur de la Bessière, en la paroisse de Jouels, de Thorène, en la paroisse
de Lespinassole, et de Castelnau-Peyralès, décédé vers 1668, puis en secondes noces,
Pierre de PRÉVINQUIÈRES, de Compeyre,
député des nobles de Compeyre aux Etats de Rouergue convoqués à Rignac en 1382.
Veuve une seconde fois en 1383, elle survécut longtemps à son second mari et
résidait à Compeyre en 1414. Elle avait hérité plusieurs fiefs dans le
mandement de Castelmary, ainsi qu’en témoignent les actes suivants extraits du
cartulaire de la baronnie (Cartulaire de Castelmary :
cf. Imbert, op. cit., p. 109 et 110. Ainsi, le 13 juillet 1368,
Déodat et Bernard Boéry reconnaissent tenir de noble Brenguier Adhémar la
moitié du mas de la Ourlie, par indivis avec l'autre moitié par Hélaine de Torène. Ledit Déodat reconnaît
tenir comme dessus la moitié d'une sétérée de vigne par indivis avec noble Hélaine de Torrene (f° 154). Le 14
septembre 1380, noble Pierre de Prévinquières, habitant de Compeyre, comme mary et procureur de noble Hélaine de Torrenque (pour Torenne), de son gred,
tant pour lad. Torrenque son épouse et pour ses successeurs à l'advenir, genoux
à terre, ses mains mises sur les Saints Evangiles, a rendu son hommage et fait reconnaissance
en faveur de noble Rigal Lavergne, seigneur de Castelmary ... le tout conformément à autre hommage
rendu par ses autheurs (f° 5). Le 17 octobre 1414,
noble Raymond del Torn, écuyer du seigneur de Castelpers, procureur de noble
Hélène de Thorène, veuve de noble Pierre de Provinquières, donne à nouveau fief
à Pierre Garde, de Castelmary, un ortal aux appartenances de Castelmary (f°
370). De son premier mariage Hélène de Thorène eut entre autres enfants trois :
Bernard, qui suit ; Brenguier Adhémar, auteur des
Adhémar de Thorène et de Mandagout ; et Jean Adhémar, coseigneur de Thorène. Bernard ADHÉMAR En 1383, par-devant Me Ramond Desaurs, notaire de Rodez, noble Bernard Azémar, agissant au nom
de sa mère, noble Hélène de Thorène, veuve de noble Pierre de Prévinquières, de Compeyre, reçut des
reconnaissances consenties par maître Hugues de Montméjean, alias de La Roquette, pour un jardin et
une maison situés à Rodez, près de la porte de l'Embergue, puis de nouveau, en
vertu de procurations passées devant Me Raimond Fabri, le 13 janvier 1387, celles consenties pour des
jardins sis au même lieu par Pierre de Sains, notaire, Pierre de Peyre,
fournier, et Pierre Frocayre, de Rodez (A.D. Av. E 1072). On ignore le nom de
sa femme, mais on présume, en raison du prénom Urbain donné ultérieurement au
fils de son frère Brenguier, qu’il avait épousé une Grimoard-Senhoret, peut-être
née du mariage contracté en 1365 par Pierre de Senhoret (†1374), possessionnée
à La Roque-Sainte-Marguerite et Meyrueis, comme les Adhémar, avec Amphélise de Grimoaed,
nièce de Guilhem de Grimoard, élu pape sous le nom d’Urbain V (1309-1370). (D’après le comte d'Adhémar de Panat, « Les seigneurs de Mandagout,
branche inconnue des AzémarAdhémar », in Hom.) D’où, une fille Hélène ADHÉMAR, épouse de Raimond du RIEU (†/1417), damoiseau de Calmontde-Plancatge, et mère de Baptiste du RIEU qui, en 1415,
reçut de son oncle Brenguier Adhémar, chevalier, seigneur de Thorène et de
Mandagout, demeurant à Mandagout au diocèse de Nîmes, une obligation au sujet
de la dot de sa mère en compensation de 123 livres restées dues (A.D. Av. E
1613). Dont postérité : famille du RIEU.
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Il semble que la famille de Thorène existait encore au XVIe siècle, comme il ressort d’un lauzime
consenti par Hugues de Thorène, prieur de Perse, de Campagnac et de Trélans, en 1526-1528,
par-devant Me Verdier, notaire
de Saint-Martin-de-Lenne (A.D. Av. E 1249).
Pierre
HOCQUELLET Yvrac, 1994-2010