La famille Boulcier


Millau - Villefranche

La famille Boulcier, ou Bolcier, anciennement Bolcia ou Bolsia, était établie à Millau dès le XIIIe siècle : B. Bolssier, lo pelissier, est porté sur le rôle d'imposition de la ville dressé en 1311. Au XVe siècle, elle appartenait à la haute bourgoisie millavoise : Peyre Bolcia fit partie des gens de « gros estats » réunis en commission pour la répartition des impôts municipaux en 1452 ; il exerça les fonctions consulaires en 1462. Jacques Bolcier, médecin — Maistre Jacme Bolsia, metge — traite avec le Conseil de ville, le 3 août 1456, et s'engage, moyennant 25 écus d'or, sans préjudice des honoraires qu'il pourrait exiger de ses clients, à demeurer pendant cinq mois dans la ville, où la peste a reparu, afin d'assurer les soins aux malades. Jean Bolcier était curé de Notre-Dame-de-L'Espinasse de Millau en 1501. La famille fut en possession de plusieurs domaines : l'une des métairies des Aumières, aux XVe et XVIe siècles ; le domaine d'Auglanou — affarium del Aulamos — traversé par l'ancien chemin de Millau à Meyrueis ; en 1528, elle est citée comme propriétaire en partie ou en totalité du domaine du Mas-Nau, sur le Larzac, qui payait une redevance de plusieurs quartes de blé à l'église Notre-Dame.

I - Guillaume Boulcier (+ avant 1595), bourgeois de Millau, marié avec Françoise du Rieu († avant 1595), fille de noble Jean du Rieu, seigneur de Saint-Beauzille et de Ginestous, conseiller au sénéchal de Rouergue, qui testa le 3 juin 1566, et d'Anne de Cabanel de La Barthe, sa première femme qu'il avait épousée en 1530.

D'où, entre autres enfants, trois fils établis à Villefranche :

1- Jean, auteur du Rameau A.

2- Jacques, auteur du Rameau B.

3- Pierre, auteur du Rameau C.

Rameau A

II – Jean, marchand de Villefranche, établi gache du Puech1, il acquit en la gache de la Fontaine, le 14 juillet 1600, une partie de maison sise devant la muraille de la ville, puis en la gache du Gua, le 15 avril 1612, une autre maison faisant le coin des actuelles rues de la Lampe et de Pierre Polier (A.C. Villefranche, cadastre de 1518, Gua, fol. 47v°). Il mourut avant 1627, marié en premières noces avec Jeanne Martin, peut-être fille de Me Jean Martin (+ 1572), ou Martini, notaire, 4e consul de Villefranche en 1571, et de Marguerite Valèze ; en secondes noces le 6 décembre 1611, à Villefranche (contrat reçu par Me Ramondi, notaire) avec Marguerite Teste, veuve de Pierre Granier, marchand-chaudronnier, elle pourrait s'identifier avec cette Marguerite Teste, fille de d'Antoine Teste, marchand, et de Marguerite Devit, qui fut marraine de sa soeur Marie baptisée le 16 décembre 1579. Le 12 novembre 1634, alors veuve de Jean Boulcier, elle fut marraine de Marguerite Teste, fille d'autre Pierre Teste, notaire, et de Catherine Poujouly. Avec sa fille Delphine Boulcier, elle constitua 500 livres de dot à sa petite-fille Marguerite Ginestet mariée par contrat du 10 novembre 1654 à François Alary, marchand de cuivre. Elle vivait encore en 1655, et fut marraine, le 16 décembre, de Marguerite Alary, fille de François.

D'où du premier lit :

1 - François, qui suit.

2 Géraud, clerc et prébendier du chapitre de Villefranche en 1616 (A.D.Av. G 209), prêtre et vicaire hebdomadier de l'église de la collégiale en 1633 (sans doute le même, curé de Montsalès en 1648).

3 – Françoise, baptisée le 26 septembre 1593 (p. Jacques Boulcier ; m. Françoise Boissone).

4 – Jean, baptisé le 4 décembre 1594 (p. M. Jehan Durieu, capitaine de Cahors ; m. Damelle Béatrix de La Valette, femme de M. François Durieu, juge-mage de Rouergue).

Du second lit :

5 - Marguerite (1613-1669), née le 15 mars 1613, baptisée le 17 (p. François Boulcier, fils dudit Jean ; m. Marguerite de Devit, veuve de feu Antoine Teste), elle fut inhumée en l'église des Augustins le 18 octobre 1669, en présence de Jean Cavalerie, son fils, et de M. Ginestet, mariée vers 1634 avec Arnaud Cavalerie (†1666), marchand de Villefranche, fils de Guillaume Cavalerie (†1636), marchand établi en 1600 rue Basse de Saint-Jean (37, rue Alibert), gache de l'Eglise (A.M. Villefranche, cadastre de 1518, Eglise, fol. 127 v°). Ecolier en 1613, il hérita de la maison de son père, le 12 août 1636, qu'il lèguera à sa dernière fille Marie.

Il fut inhumé en l'église des Augustins, le 1er août 1666. Le 17 juin 1634, par-devant Me Trésières, notaire de Villefranche, et en présence de Pierre Boulcier et Jean Babard, marchands, il reconnaît devoir à « honeste femme Marguerite Teste, veuve à feu Jean Boulcier, marchand quand vivoit en la dite ville, » la somme de troys cens livres ... (A.D.A. 3E 3357, fol. 89).

6 – Pierre, né le 24 juillet 1615, baptisé le 2 août (p. Pierre Bolcier, marchand ; m. Marguerite Granier, femme de François Bolcier, marchand).

7 – Izabel, née le 12 septembre 1617, baptisée le 14 (p. M. Jean Durieu, président en la cour du sénéchal de Rouergue ; m. Delphine Bauleze).

8- Delphine, mariée (avant 1644) avec Jean Ginestet, marchand de Villefranche, fils présumé d'Antoine Ginestet, procureur, et de Marguerite Cancéris, mariés en 1604, il fut inhumé dans l'église Notre-Dame, le 3 août 1687.

III - François Boulcier, marchand et bourgeois de Villefranche, 3e consul en 1631, dès 1627, il était en possession des maisons acquises par son père dans les gaches du Puech, du Gua et de la Fontaine, marié en premières noces le 6 décembre 1611, à Villefranche (contrat reçu par Me Ramondi, notaire de Villefranche) avec Catherine Granier, fille de Pierre Granier, marchand-chaudronnier, et de Marguerite Teste ; en secondes noces avec Jeanne Cadrès

D'où du premier lit :

  1. Jacques, né le 25 décembre 1625, baptisé le 3 juin 1627 (p. Jacques Boulcier ; m. Jeanne Babard).

2 – Géraud, né le 3 juin 1627, baptisé le 3 juin (p. Géraud Boulcier, prêtre ; m. Delphine Boulcier).

3 – Marie, née le 9 décembre 1629, baptisée le 11 (p. Jean Boulcier, marchand et archer du vice-sénéchal ; m. Marguerite Boulcière).

Du second lit :

4- Jeanne, née le 24 février 1632, baptisée le 24 (p. Jean Boulcier, marchand et archer du vice-sénéchal ; m. Jeanne Lacam).

5- Antoinette, baptisée le 10 mars 1635 (p. Pierre Boulcier, marchand ; m. Antoinette Cadresse).

6- Marguerite, née le 1er mars 1636, baptisée le 3 (p. Jean Cadrès, avocat ; m. Marguerite de Boulcier).

7 – Arnaud, né le 21 décembre 1637, baptisé le 23 (p. Arnaud Cavalerie, marchand ; m. Delle Marguerite de Garrigues, femme à Me Cadrès, avocat).

8 – Jeanne, née le 31 décembre 1638, baptisée le 2 janvier 1629 (p. M. Jean Ginestet, marchand; m. Antoinette de Cadrès).

9 – Claude, né le 7 janvier 1642, baptisé le 11 (p. M. Claude Gasquy, bourgeois ; m. Dauphine de Boulcier).

Rameau B

II – Jacques, marchand et archer du vice-sénéchal, natif de la ville de Millau, puis fixé à Villefranche où son frère Jean l'avait précédé, marié en premières noces en 1595 avec Izabeau Solier, fille de Géraud Solier et de Catherine Fabre, de Villefranche. Le contrat fut reçu, le 29 janvier 1595, par Me Revière, notaire de Villefranche ; Jacques Bolcier était assisté de « Monsieur Me François Durieu, juge-mage » de la sénéchaussée de Rouergue, de « noble Jehan Durieu, ses oncles » et de « Jehan Bolcier, son frère », le père d'Izabeau lui constitue en dot 200 écus faisant la somme de 600 livres, « deux robbes cousturées et garnies », six plats, six écuelles, six pintes en étain, deux chaudrons, deux conques, un seau et un chauffe-lit en cuivre, un coffre et une vigne au terroir de Causserouch, les mariés pourront disposer pendant trois ans d'une de ses maisons, A.D.A. 3E 2990, fol. 117). Le 7 juillet 1613, Jacques fut parrain d'Antoinette Solier, fille de Jean, praticien, et de Jeanne Borie. Il se marie en secondes noces le 4 février 1617, en la paroisse de Villefranche avec Suzanne Buisson, ou Boysson, fille de Guillaume Boysso.

D'où, du premier lit :

1 - Jean, qui suit.

2 – Bernard, décédé le 19 octobre 1609, inhumé le lendemain dans la collégiale, devant la chapelle Saint-Jean.

3 – Marie, inhumée le 25 mai 1610 en la collégiale, au devant de la chapelle Saint-Jean.

Du second lit :

4- Jean, qui suit.

III - Jean Boulcier (+ avant 1670), marchand, archer de Villefranche. Il est dit écolier et fils de Jacques Bolcier, archer du prévost, lorsque, le 31 mai 1614, il est parrain de Marguerite Lapierre. Porté sur le cadastre du Puech, il acquit en la gache de l’Eglise, le 30 mai 1637, une maison faisant le coin des actuelles rues Alibert et de la Paix. Après son second mariage, il alla s'établir à Montsalès où il décéda en 1670. Marié en premières noces (c.m. le 2 octobre 1626, reçu par Me Trésières, notaire de Villefranche, Av. 3E 3354) avec Marguerite Gordon, fille de Raymond Gordon et en secondes noces le 19 octobre 1647, en la paroisse de Villefranche avec Jeanne Viguier (+ avant 1670), fille d'Antoine Viguier, bourgeois, et de Jeanne Fauberges, mariés de La Roque-Toirac.

D'où du premier lit :

1 – Géraud, né le 26 octobre 1630, baptisé le 27 (p. Géraud Solié, procureur ; m. Jeanne Gourdonne).

2 – Géraud, né le 17 avril 1633, baptisé le 24 (p. M. Me Géraud Boulcier, prêtre, vicaire hebdomadier de la collégiale ; m. Antoinette Marine).

3 – Marie (1641-1685), baptisée le 29 juin 1641 (p. Pierre Tamelet, fils d'Antoine ; m. Marie Marguié, fille de Claude Marguié, de Limoux en Languedoc), mariée vers 1660 avec Pierre GAILHARD, marchand, fils de Pierre Gailhard, marchand de Bar, paroisse de Bors de Bar et de Catherine Rivière. Elle décède en 1885, peu après le mariage de sa fille Antoinette avec Jean Albar, de Laurélie (127J).

Du second lit :

4 – Géraud, né le 27 août 1648, baptisé le 31 (p. Me Géraud Boulcier, prêtre et curé de Montsalès ; m. Jeanne de Fauberges), apothicaire. Le 18 février 1670, « voulant partir pour faire son tour pour sa science es arts d'appothiquaire », dans la maison de sa soeur à Bar à laquelle il lègue 100 livres, il nomme pour héritière sa soeur « propre », plus jeune et lègue 20 livres à sa nièce Catherine Gaillard (127J 40).

5- Suzanne, née à Montsalès, qui teste le 15 février 1672 chez Pierre Gaillard, à Bar, en faveur de sa soeur, lègue à son frère Géraud, « à présent absent du pays, sa part des biens appartenant à la maison de ses feus père et mère à Montsalès » et donne la somme de 50 livres à sa filleule Suzanne Gaillard (127J 40).

Rameau C

II - Pierre, marchand et bourgeois de Villefranche, 3e consul de Villefranche en 1633. Le 26 juin 1643, à l'assemblée du Conseil de la ville tenue en présence du peuple dans le réfectoire des Cordeliers, Pierre Bolcier fut le seul conseiller ayant osé s'opposer au rabais des tailles exigé par celui-ci, de sorte, rapporte Claude Desbruyère, qu'il fut sur le point d'être lapidé par la populace qui « s'estant ruée contre sa maison pour l'abbattre si quelques uns du voisinage n'eussent fléchi les plus mutins, ils se retirèrent après avoir mis en pièces toutes les vitres et fenestres » (cf. U. Cabrol, Documents sur le soulèvement des paysans du Bas-Rouergue dits « Croquants » au commencement du règne de Louis XIV, Rodez, E. Carrère, p. 39).

Le 1er février 1632, il fut témoin au contrat de mariage de noble Pierre du Rieu de Tarrou et de Catherine de Raynaldy (Livre de raison de Jean Durieu, juge-mage, fol. 105-110, Arch. d'Ardenne de Tizac). Il mourut avant 1656, marié le 26 février 1607, en la paroisse de Villefranche avec Marie Babard, fille de Jean Babard, marchand, et de Jeanne de Bourran.

D'où :

1 – Anne, inhumée le 25 mai 1610 en la collégiale, chapelle de Saint-Martial.

2 – Jeanne, née le 24 avril 1613, baptisée le 27 (p. Jacques Boulcier, frère de Pierre ; m. Jeanne Azémar, femme de Jean Babard, marchand).

3 – Marguerite, née le 8 octobre 1615, baptisée le 11 (p. Jean Babard ; m. Marguerite Teste, femme de Jean Boulcié).

4Suzanne, baptisée le 24 juin 1618 (p. Me Pierre Babard, chanoine ; m. Suzanne de Buisson, femme de Jacques Boulcier, archer du vice-sénéchal), mariée en janvier 1643 en la chapelle des religieuses de la Visitation avec Jean Rodat, conseiller du roy en l'élection du comté de Rodez (1643), puis conseiller au présidial (1652).

D'où, entre autres enfants : - François Rodat, né le 1er octobre 1652, baptisé le 10 avril 1658 (p. François Courtois, conseiller en l'élection de Rodez ; m. Marie Rodat.

5 – Jean, né le 28 novembre 1621, baptisé le 12 décembre (p. Jean Babard ; m. Catherine Granier, femme de François Boulcié).

Pierre Hocquellet

Geneviève Rigal-Saurel

1 Sans doute au « coin descendant de la rue Savignac à la rue Basse », désigné en 1673 « Coin de Boulcier » (aujourd’hui rue Marcellin Fabre et rue de la Pompe). Son fils François était propriétaire de la maison sise au N° 39 de la rue Marcellin-Fabre (cf. A. Ancourt, Les noms de nos rues, p. 111)