Famille RIGAL

de Testas, le Périé (Sanvensa), l'Hom, le Moulinet (St André)

Sources : Archives départementales de l'Aveyron. Fonds privé

Le patronyme Rigal est très répandu en toutes régions. Il désignerait rouge-gorge, d'après le dictionnaire occitan d'Alibert. C'est aussi un prénom d'origine germanique qui veut dire riche, puissant. Le plus ancien personnage connu qui porte ce prénom est Rigal de Morlhon au X° siècle. En 1182 Rigal d'Amblard, seigneur de Lunac porte ce prénom qui est toujours usité au XV° siècle : dans le sud Aveyron Rigal Cadilhac fait son testament en 1446.

Il pouvait s'orthographier Rigual, Riguald, Rigaud, cette dernière forme donna les villages de la Rigaudie à St-André et à Najac, à la Fouillade en 1259 on cite le lac Rigual. A Moyrazès, à Asprières, à Sylvanès, des villages portent le nom de Rigal. Dans le Tarn-et-Garonne on trouve 5 lieux-dits Rigal et un, écrit Rigals près de Ginals (Verfeil). A Najac, le Pic Rigaud est situé sur la butte où se trouvait autrefois le gibet.

D'après des statistiques établies avec l'annuaire téléphonique, les départements français qui comportent le plus ce patronyme sont situés dans une bande méridionale qui va de Bordeaux jusqu'à Marseille en s'élargissant jusqu'à Clermont-Ferrand, le centre de cette région étant le Rouergue. Le roquefort, célèbre fromage produit dans l'Aveyron et connu dans le monde entier, a une cave portant ce nom.

L'origine connue de la famille étudiée se situe à Testas, paroisse de Sanvensa. Vers le milieu du XV° siècle une famille portant ce nom y habitait. Elle venait peut-être de Villefranche où est cité en 1345 un notaire appelé Maître Rigal.

En 1488, d'après le Commun de Paix chargé de recenser les familles qui payaient une redevance au bailliage de Najac, trois familles issues sûrement d'une même souche sont citées dans ce village de Testas :

· Jean Rigal
· Peyre Rigal
· Guiral Rigal

Pour les différencier, ces familles prirent des surnoms ou "descays". Au début du XVII° siècle on a :

· Pierre Rigal "Peyrou"
· Jean Rigal "Pichou"
· Jean Rigal "Ruffelle".
· Maître Jean Rigal ou Rigaldy notaire. Il instrumentait à Sanvensa et mourut assez jeune sans laisser, semble-t-il, de descendance.

En 1650 seule la famille "Ruffelle" porte le patronyme Rigal, les autres ont transmis leurs patrimoines à des gendres, Tranier, Boutonnet.

Souche de Testas

I- Jean Rigal "ruffelle", époux de Isabeau Viguier aura plusieurs enfants:

1- Pierre marié en 1638 avec Marguerite Rouziès sans postérité.
2- Pierre marié en 1645 avec Marguerite Pourcel de Cadours, ses descendants habiteront Testas jusqu'en 1772.
3- Louis marié avec Jeanne Alet du Cluzel formera une branche dans ce village puis à Longcol et à Lagarrigue (La Fouillade). Ces deux derniers villages seront occupés par ces familles jusqu'au milieu du XX° siècle.
4- Antoine marié en 1640 à Najac.
5- Pierre qui suit.

Branche du Périé

II- Pierre Rigal, né à Testas vers 1630, épousa Jeanne Jonquières du Périé, héritière de ses parents Antoine Jonquières et Marguerite Bérail. Ce couple fit souche au Périé, village tout proche de Testas, exposé sud-ouest, sur les pentes de l'Aveyron, dans un lieu où foisonnait le gibier, lièvres, bécasses, gélinottes et autres :

en 1668 dans le cens que Pierre Rigal et Jean Carrandier devaient payer au seigneur de Sanvensa figurent en plus des setiers de blé et des gélines (poules), deux perdrix rouges, redevance en nature très rare.

En 1665 dans le compois (cadastre sous l'ancien régime) du fourg de Sanvensa, Pierre Rigal, laboureur tient maison, étable, grange, patus, jardin et terres et est assujetti à 7 livres d'allivrement. Le Périé dépendait en partie du fief de ces seigneurs et du roi. En 1682, Pierre Rigal, laboureur porte témoignage lors d'un conflit entre noble François d'Arjac, seigneur de Sanvensa et Jean Carrandier marchand de Villefranche et propriétaire du domaine de la Bouysselie, village en contrebas appelé aussi le Périé Soutira. Le seigneur revendiquait l'obligation qu'avaient les tenanciers d'aller faire moudre leur blé à son moulin banal de Sanvensa. Le sieur Carrandier pensait en être exempt, sa maison de la Bouysselie étant dans le fief du roi. Ce domaine n'est plus habité depuis quelques années, mais il conserve avec sa cour fermée entourée de maisons et granges un air très accueillant. C'est là que 5 générations de Rigal aidées de domestiques feront prospérer la maison. Il aura au moins deux enfants :

1- Pierre qui s'établit à Viallèles en épousant Marguerite Ficat de ce village de Sanvensa. Trois générations perpétueront le nom.
2- Charles, qui suit. Son prénom, rare à l'époque était porté par le seigneur de Sanvensa, Charles d'Arjac de Morlhon qui fut sûrement son parrain. Dans les registres paroissiaux de Sanvensa du XVIII° siècle, il n'est pas rare de retrouver le seigneur du moment parrain des enfants de ses serviteurs ou fermiers.

III- Charles Rigal se marie à St-Salvadou le 8 septembre 1692 avec Marguerite Durand fille de Bernard et de Catherine Lafage originaires de Trébessac (Arcanhac). Ceux-ci possédaient dans ce village une ferme qu'ils louèrent pour prendre en fermage la métairie du château de Salesse, située dans la paroisse de St-Salvadou. L'emploi de métayer dans de gros domaines était très recherché car lucratif et réservé à des laboureurs aisés sachant bien gérer leurs affaires. Bernard Durand avait été fermier de la seigneurie de St-Salvadou, emploi qui consistait à relever les redevances ou cens que les tenanciers du lieu devaient à leur seigneur. Charles Rigal était laboureur et devait posséder au moins une paire de boeufs et les outils nécessaires au travail de ses terres. En 1724 il est consul de la communauté de Sanvensa, il est donc chargé de gérer les affaires et relever les impôts, aidé d'un deuxième consul. Charles Rigal fit son testament devant maître Fizes, notaire de St-Salvadou, précisant la dotation qu'il fit à ses enfants survivants.

L'an 1736 et le 26° jour du mois d'août après midi au village d'el Périé et maison de Charles Rigal travailleur, paroisse de Sanvensa en Rouergue, régnant Louis par la grâce de dieu, roi de France et de Navarre, par devant moi notaire royal et présents les témoins sous écrits a été en personne ledit Charles Rigal lequel étant assis sur une caisse auprès du feu malade corporellement d'ailleurs assez avancé dans l'âge, toutefois en ses bons sens, entendements, mémoire et connaissance, considérant qu'il nous faut tous mourir et que l'heure de la mort est incertaine afin qu'après son décès il n'y ait procès ni différent entre sa femme et ses enfants pour raison des biens que dieu lui a donnés dans ce monde il a fait son testament en la forme et manière que s'ensuit. Premièrement il a fait le signe de la croix recommandé son âme à dieu le priant de lui faire miséricorde ayant imploré l'intercession de la glorieuse vierge marie et de tous les saints et saintes du paradis pour obtenir la rémission de ses péchés, voulant qu'après son décès son corps soit enseveli dans le cimetière de l'église paroissiale dudit Sanvensa et que ses honneurs funèbres lui soient faites dans ladite église suivant la coutume au soin et diligence de son héritier bas nommé et venant à la disposition de ses biens donne et lègue à Bernard et Jean Rigal ses deux fils et de Marguerite Durand sa femme à un chacun la somme de 250 livres, une brebis avec son agneau et trois canes toile mescladis payables les susdits légats savoir 60 livres à un chacun ensemble la susdite brebis et toile un an après son décès, et le restant 30 livres chaque année après à pareil et semblable jour jusqu'à fin de paye desdits 250 livres pour un chacun sauf le dernier paiement qui ne sera que de 10 livres, le tout sans intérêt qu'en défaut de paiement auxdits termes, plus donne et lègue à Marie Rigal sa fille et de ladite Durand la somme de 300 livres argent, deux brebis avec deux agneaux et quatre canes toile mescladis payable le susdit légat, savoir 60 livres avec la susdite toile, brebis et agneaux un an après son décès, et 30 livres chaque année après, à pareil et semblable jour jusque à fin de paye desdits 300 livres, sans intérêt qu'en défaut de paiement auxdits termes, de plus donne et lègue aux susdits trois légataires leur vie durant l'habitation d'un appartement qu'il a près sa maison appelé à la boutique, en cas où ils ne pourraient convenir (s'entendre) avec son héritier et voudraient vivre tous les trois ou quelqu'un d'eux sans se marier, plus donne et lègue à Bernard et Marie Bouyssou fils à feue Jeanne Rigal sa fille, à un chacun la somme de cinq sols et ce outre ce qu'il constitua à leur mère lors de son mariage, plus donne et lègue 5 sols à la dite Marguerite Durand, sa femme et pareille somme de 5 sols donne et lègue à un chacun de ses autres parents qui pourraient prétendre droit et succession sur ses biens, payables après sa mort et moyennant les susdits légats a fait et institué tous ses dits légataires ses héritiers particuliers afin qu'ils ne puissent rien plus prétendre leur imposant silence perpétuel et à tous et chacun ses autres biens ledit Charles Rigal testateur a institué et de sa propre bouche a nommé pour son héritier universel et général savoir est Pierre Rigal son fils aîné et de ladite Durand sa femme lui confirmant la donation qu'il lui fit lors de son mariage et c'est son dernier et valable testament que s'il ne vaut par testament veut qu'il vaille par codicille ou donation en cas de mort et de la meilleure forme que de droit pourra valoir, casse, révoque et annule tous autres testaments et dernières dispositions qu'il pourrait avoir ci-devant faites à cause de mort et de tout ce dessus a prié les témoins ici assemblés et par lui reconnus être mémoratifs et requis moi notaire lui en retenir acte que lui ait concédée, fait et récité en présence du sieur Joseph Carrandié bourgeois habitant de Villefranche, Jean Authesserre tisserand du village de Testas paroisse de Sanvensa soussignés, Jean Cayla tisserand, Pierre Marre charron tous du village de Testas, Antoine Chambert charpentier et Raymond Delmouly travailleurs tous deux du village de las Combes paroisse dudit Sanvensa, lesquels avec ledit Charles Rigal testateur requis de signer ont dit ne savoir et moi Pierre Fizes notaire royal de St-Salvadou requis.

Il meurt quelques jours plus tard, le 19 septembre. Sa femme décédera trois ans après, le premier avril 1739.Ce couple eut 7 enfants :

1- Jeanne, née en 1694 qui épouse le 24 février 1721 François Bouyssou d'Aujols. Elle meurt peu de temps après le 11 avril 1733, à 39 ans.
2- Pierre qui suit, né le 7 avril 1696 qui eut pour parrain son aïeul, Pierre Rigal et pour marraine son aïeule maternelle, Catherine Lafage.
3- Marie, née le 2 février 1699, son parrain fut son oncle Pierre Rigal de Viallèles et sa marraine sa tante Marguerite Durand. Elle resta célibataire et décéda le 2 septembre 1753, âgée de 54 ans.
4- Antoinette, née le 17 avril 1701, mourra en pleine jeunesse à l'âge de 18 ans le 18 avril 1719. Son parrain fut Pierre Rigal, sa marraine Antoinette Calvignac.
5- Bernard, né le 24 mai 1704. Il fut tenu par Bernard et Jeanne Durand, ses oncle et tante. Qualifié de tisserand et célibataire, il fit son testament le 27 mars 1780, instituant pour héritier Pierre, son frère de la maison. Il mourut le 12 septembre de la même année à 76 ans.
6- Marguerite, née le 2 janvier 1708. Antoine Jonquières et Jeanne, sa soeur furent ses parrain et marraine. Elle ne vivra que 4 mois, son décès est daté du 6 mai de la même année.
7- Jean, né le 6 février 1710, eut pour parrain et marraine Pierre et Jeanne ses frère et soeur. Comme son frère Bernard il restera vieux garçon et décédera le 9 décembre 1782 à l'âge de 72 ans.

IV- Pierre Rigal, marié le 7 février 1726 avec Marguerite Delcausse fille de Jean Delcausse laboureur et Marie vabre des Combes (Sanvensa). Il qui fut consul en 1727, "détenu dans son lit de certaine maladie corporelle" fit son testament le 19 juillet 1757. Il donne "à ses enfants Antoine, Bernard, Jean 550 livres, soit 150 livres à leur mariage ou à l'âge de 25 ans, le reste à raison de 50 livres par an. Il lègue à sa fille Marie-Anne 700 livres dont 200 à son mariage et le reste à raison de 50 livres annuellement, à Anne déjà dotée à son mariage 5 sous". Il veut que sa femme fasse héritier "un tel de ses enfants mâles ou femelles qu'il plaira de choisir et nommer". En cas de discorde avec son héritier il lui accorde "100 livres de pension viagère ou le logement et nourriture dans sa maison d'habitation suivant sa qualité et sa vie durant". Au cas où elle décéderait sans avoir fait de testament, c'est son frère, Bernard Rigal qui désignera l'héritier. Il décède 13 jours plus tard, le premier août 1757 à l'âge de 60 ans, tandis que Marguerite Delcausse, sa femme vivra jusqu'à l'âge de 77 ans, elle meurt le 10 août 1778. De ce couple naquirent 7 enfants, au rythme de deux ans et demi à trois ans :

1- Anne, le 6 janvier 1727. parrain Bernard Rigal, marraine Anne Delcausse. Elle se maria le 18 janvier 1748 avec Noël Couronne de Trébessac veuf de Madeleine Frespuech. Ils avaient bénéficié d'une dispense de l'évêque pour leur parenté par affinité au 4ième degré (les grands-parents d'Anne et de Madeleine étant cousins germains).
2- Antoine, le 17 avril 1729, parrain Antoine Delcausse, marraine Marie Rigal, oncle et tante, qui suit
3- Marie, le 16 novembre 1731, parrain Charles Rigal, marraine Marie Vabre, ses aïeux. Elle mourut très jeune le 5 avril 1736 alors qu'elle n'avait que 4 ans et demi.
4- Marie-Anne, le 30 juillet 1734, parrain Jean Rigal, marraine Marie Delcausse, oncle et tante. A l'âge de 36 ans, elle se marie le 5 février 1771 avec Jean Mayran de Ponganières, village de Morlhon.
5- Pierre, le 27 avril 1737, parrain Pierre Delcausse, marraine Jeanne Duran. Il meurt le 29 février 1749, à l'âge de 12 ans.
6- Bernard, le 22 septembre 1739, parrain son oncle Bernard Rigal, marraine Madeleine Daydou. Il se marie le 16 juin 1767 avec Jeanne Ginestet de la Lavagne, village tout proche où il s'établira donnant une nombreuse descendance, parmi laquelle Marie Rigal, aïeule de Jean-Louis Dega de Granouillet. Il décède en 1794, à l'âge de 55 ans pendant la période révolutionnaire.
7- Jean, le 11 juillet 1743, parrain son frère Antoine et marraine sa soeur Anne. Célibataire, il sera un de ces tontons qui reste dans la maison de son frère aîné l'aidant dans ses travaux. Il le fera héritier par son testament dicté en 1782.

V- Antoine Rigal, aîné des garçons et propriétaire du Périé, épousa le 21 février 1759 Marie Devals, une riche héritière de la paroisse de Morlhon qui fut dotée non seulement par ses parents Jean-Antoine Devals laboureur et Catherine Albaret, mais aussi par son oncle maternel, Jérôme Albaret marié avec Anne Courrège de la Bruyère, (couple sans enfant), propriétaire du domaine de Peyrottes et par une cousine de Villefranche issue également de bonne bourgeoisie. Marie Devals décéda le 4 mars 1789, âgée de 58 ans, elle n'assista qu'au mariage de son fils Jérôme. Antoine Rigal son mari lui survécut 3 ans, il mourut le 21 mai 1792 en pleine période révolutionnaire, alors que l'Assemblée venait de voter la destitution du roi et l'emprisonnement des prêtres réfractaires qui refusaient de prêter serment à la constitution civile du clergé. Après les décès de leurs parents et de leur frère aîné, Jean-Antoine Rigal résidant à Trébessac, eut lieu le premier germinal (21/3/1793) le partage des biens entre les 6 frères et soeurs :

Le domaine du Périé fut attribué à Joseph-Antoine de Peyrottes, Jean et Rose du Périé,

Le domaine de Trébessac, dont avait hérité leur père en 1759 de Jean Espanhié époux de Jeanne Durand (petite cousine), échut à Jérôme du Bourbou, Jeanne et Marie du Périé. A ce domaine, de moindre valeur que celui du Périé, fut ajoutée une vigne située à la Bouysse. Jérôme qui habitait l'Hom prit son héritage en argent soit 1600 livres et des biens de sa mère situés à Banes.

Les meubles et cabaux évalués à 600 livres, furent répartis de la façon suivante : 1/3 à Jérôme, Jeanne et Marie, 2/3 à Joseph-Antoine, Jean et Marie, après avoir prélevé ce qui revenait à leur oncle Jean Rigal.

De ce couple naquirent 8 enfants, les premiers assez rapprochés :

1- Jean-Antoine, né le 6 février 1760 eut pour parrain son aïeul maternel et pou marraine sa grand-mère paternelle. Marié le 8 juin 1790 avec Françoise Cazals de Trébessac il mourut en 1792 âgé de 32 ans sans laisser d'enfants, ses héritiers furent ses frères et soeurs.
2- Jérôme, qui suit, naquit le 24 juillet 1761, tenu sur les fonds baptismaux par Anne Rigal sa tante paternelle et par son grand-oncle maternel, Jérôme Albaret qui lui donna son prénom comme le voulait l'usage, prénom qui se perpétuera dans la famille pendant 4 générations.
3- Marie-Rose, née le 26 février 1763 eut pour parrain Bernard Rigal et Marie-Anne Devals, ses oncle et tante. Restée célibataire, prodiguant ses soins à ses neveux et nièces comme de nombreuses filles à l'époque, elle mourut à l'âge de 50 ans le 20 septembre 1813.
4- Joseph-Antoine, baptisé le 29 mai 1765 eut pour marraine Marie-Anne Rigal sa tante et pour parrain Antoine Devals, son oncle vicaire d'Arcanhac. Comme lui il fit des études de théologie à Villefranche mais en la période troublée qui survint au moment où il aurait dû devenir prêtre, les ordinations étant supprimées, il abandonna sa vocation. Il habita quelques temps Peyrottes puis revint au Périé où il mourut le 25 mars 1835 à 70 ans.
5- Jean, baptisé le 12 janvier 1767 avec pour parrain Antoine Devals et marraine Marie-Anne Rigal, il se maria le 2 ventose an V (20/2/1797) avec Christine Lagarrigue des Fargues paroisse de Vabre. Jean demeura au Périé, il eut de sa femme, Marie-Christine Lagarrigue 7 filles dont 6 mariées :

· Marie-Rose, née en l'an VII qui épouse le 10 mai 1815 Joseph Chambert de Falgayrolles (Sanvensa).
· Marie-Charlotte, née en l'an IX mariée le 5 août 1823 avec Guillaume Bessière de Villefranche.
· Marie-Jeanne, née en l'an XI et morte à 8 mois.
· Marie-Christine, née en l'an XIII et mariée le 28 mai 1826 avec Pierre Fabre de Lestibie (Brandonnet), ce couple prendra la succession du Périé.
· Marie, née en 1806 qui épouse le 19 juillet 1828 François Trézières du Cluzel (Sanvensa).
· Marie-Anne, née en 1808 mariée le 20 juin 1833 avec Antoine Lauriac du Guial (Morlhon).
· Christine, née en 1811 qui épouse le 17 septembre 1837 Jean Dintilhac du Fraisse de Villefranche.

6- Jeanne, née le 15 novembre 1769 eut pour parrain et marraine Jean Rigal et Jeanne Ginestet épouse de Bernard Rigal de la Lavanhe (Sanvensa). Elle se maria en l'église d'Arcanhac le 7 messidor an III (25/6/1795) avec Louis Segons des Cazes paroisse de La Fouillade et habitera Trébessac.
7- Marie, née le 13 février 1772 eut pour parrain son grand-oncle Bernard Rigal du Périé et pour marraine Marie Chambert tante à la mode bretonne. Elle se maria le 9 messidor an V (25/6/1797) avec Pierre Dintilhac du Bourguet (les Pesquies).
8- Jean-Pierre naquit et mourut le même jour le 8 mars 1774, ayant eut pour parrain et marraine Jean Rigal (qui signa), son frère et Marie-Anne Couronne, sa cousine.

Rameau de l'Hom

VI- Jérôme Rigal à l'âge de 18 ans fut fiancé à Julie Couronne de huit ans son aînée. Est-ce son parrain Jérôme Albaret ou des prêtres amis de la famille qui furent les instigateurs de ce mariage? Le contrat de mariage eut lieu le 7 juin 1779 dans des conditions très avantageuses. En plus de leurs dots respectives le couple Jean Mazars-Catherine Barbance leur fit donation de leurs biens au Bourbou commune de St André (Jean Mazars était le beau-frère d'une tante de la fiancée et Catherine Barbance était une lointaine cousine du fiancé). C'est ainsi que la famille Rigal s'installa pour quelques générations à l'Hom dans la paroisse de St-André, dans un lieu privilégié jouissant d'une sorte de microclimat où les ruches qu'amena en dot Marie-Julie Couronne continuèrent à donner pendant des générations de nombreux essaims d'abeilles. Jérôme Rigal se maria 7 mois après, le 19 janvier 1780. Il s'établit dans son nouveau domaine essayant de le faire prospérer et de l'agrandir. Il acheta en 1783 et 1789 avec l'argent qu'il avait amené en dot, des terres à des voisins de la Bourdarie. Il prêta 150 francs en 1788 à Charles Blanc de la Capellanie, cette somme rapportait encore des rentes en 1837 à la famille, elles furent données en dot à Julie Rigal. Jérôme dût affronter des périodes difficiles : décès et pénuries de récoltes. Après le décès de Catherine Barbance, le 12 mars 1787 et celui de sa mère en 1789, sa femme meurt le 27 avril 1792, à l'âge de 39 ans, ses 4 enfants étant âgés seulement de 9 ans, 6 ans, 4 ans et 2 ans. Son père décède un mois plus tard en mai et son frère le 19 septembre de la même année. Le 26 frimaire de l'an III (16/12/1793) il doit payer les droits de succession de son donateur Jean Mazars. Les années qui précédèrent et accompagnèrent la Révolution furent désastreuses, le grain manquait. En 1793 un recensement des céréales fut effectué dans toutes les familles, une partie restait dans la ferme suivant le nombre de personnes au foyer. L'autre partie était réquisitionnée pour alimenter les familles nécessiteuses ou les nombreux soldats qui résidaient à Najac pour faire respecter les lois révolutionnaires. Pour avoir soustrait aux yeux inquisiteurs quelques sacs de blé récoltés avec beaucoup de peine, Jérôme fut appréhendé et sanctionné par un pouvoir intransigeant. Il meurt quelques années plus tard, le 24 octobre 1799, âgé également de 39 ans laissant 4 orphelins. Un mois plus tard, les 18 et 20 novembre un inventaire des meubles, cabaux et effets délaissés par Jérôme et son épouse, est établi à la demande de Louis Segons, cultivateur de Trébessac (famille encore présente) et de Joseph-Antoine Rigal du village du Périé, oncles des pupilles.

En présence des 4 enfants âgés de 17 ans, 14 ans, 12 ans et 10 ans et de leur oncle ledit Segons nous allons suivre le déroulement de la visite avec énumération des objets, établie par François Courrège juge de paix du canton de Najac et Guillaume Saignes son greffier :

Nous avons trouvé · dans la cuisine de la maison 2 chaudières cuivre, une plus grande que l'autre; 4 chaudrons, 2 seaux blachis, une conque sivé (ou) conquet, une casserole, 2 cassols pour la lessive, un avec sa queue fer et l'autre sans queue, le tout cuivre; plus un bassinoir, 3 coupes (casseroles avec une longue queue) pour les seaux; un pot pour la soupe de pouty avec son couvert de cuivre; un autre pot fer pour la soupe sans couvert, 2 coupes laiton pour les pots et 2 lampes laiton; plus un pot pinte étain, 4 tasses sivé tassous; un grand plat, 4 assiettes, 7 écuelles et 15 cuillères aussi étain; plus une table avec son tiroir et 2 bancs; plus un pendant de feu, une paire de chenets, une poêle à feu, une poêle à frire, une broche et une petite poêle sivé palette pour la graisse; plus 5 chaises, une salière de pierre à piler le sel avec son piloir en bois et une enderrière; plus une maie à pétrir le pain avec son couvert, une vieille caisse sans serrure, plus un(e) vieux armoire à 2 portes avec un ratelier par dessus; plus un lit garni de paillasse, traversin plume, couverte de laine et deux linceuls entourés sur le devant seulement de rideaux de sargue (sarge ou serge); plus un grand couteau à couper le pain et environ 3 sacs de millet en coque sur des perches; · plus dans la méjane qui est au côté gauche de la cuisine avons trouvé un armoire à 4 portes et 2 tiroirs fermés à clef, une salière en bois en forme de chaise; plus une cuve de pierre à tenir l'huile avec son couvert fermée à clef y ayant environ 15 quarts huile de noix dedans, une bouteille de terre à tenir l'huile; plus une caisse fermée à clef y ayant dedans une flèche de lard salé sans jambon; plus un sac rempli d'avoine pouvant contenir 5 quartons; plus 15 poignées de fil gris fin ou bry pesant 12 livres (4,8 kg); plus environ 10 sacs pomme de terre; plus un lit garni de paillasse et traversin plume, couverte de laine et de rideaux de sargues rayée sur le devant; · plus dans la chambre sur la droite en entrant avons trouvé une garde robe à 2 portes fermée à clef où il y avait dedans 9 serviettes, 7 nappes, 8 linceuls, 15 chemises pour homme et 18 livres de fil gris d'étoupe; plus 2 armoires sivé buffet fermés à clefs, l'un d'eux avec 2 tiroirs dans un desquels avons trouvé les actes et papiers qui seront ci après détaillés; plus 3 vieilles caisses avec leur serrure sans clef, une petite maie à pétrir; plus une grande arque avec son couvert et serrure sans clef servant à tenir les grains y ayant dedans environ 8 sacs seigle et environ 6 quartons froment; plus 2 lits avec leur paillasse, traversin plume et couvertes de laine, l'un d'eux garni de linceuls et rideaux de sargue et l'autre de toile rayée; plus un gril fer à rôtir les châtaignes; plus dans un desdits buffets avons trouvé les habits dudit feu Jérôme Rigal consistant en un habit de burat minime (beige), un autre habit de burat mélangé de rouge et noir, une veste de même étoffe et couleur; une autre veste de burat bleu; 3 paires culottes, une de burat noir, une de rase et l'autre de burat demi usée; plus une veste de rase mélangée, un chapeau demi usée et une paire de bas de laine; · plus dans une méjane ou petit appartement au côté droit de la cuisine avons trouvé une mesure sivé carton à mesurer les grains, 6 paillasses à faire le pain, 2 cribles à vaner le blé, 2 pots remplis de graisse et 2 pots terre vides; · plus au galetas avons trouvé une maie à saler les cochons avec son couvert, environ 2 sacs de noix en coque, environ 25 livres de laine lavée dans une sache et 2 sacs; plus environ un quintal (50 kg) de chanvre, un barriquot à tenir le vin=aigre, 6 sacs châtaignes ou environ dont une partie au séchoir, environ 6 quartons de chènevis (graine de chanvre) dans une barrique audit galetas; · plus dans le fournial 2 métiers à broyer le chanvre, 18 planches de chêne, une maie de pierre à aiguiser, les outils ou pelles du four; · plus dans la cave une tonne vinaire (tine) entourée de 15 cercles décuvant environ 7 pipes (2800 litres); plus 5 barriques vin pur avec le rusc, 4 barriques de demi vin ou piquette, un rusc pipe, 6 ruscs barriques, un entonnoir grand et un plus petit en bois, 10 fagots de chanvre sans broyer et un ciseau fer; · plus à l'étable une paire de boeufs de valeur 120 francs au moins, une vache de valeur de 50 francs; plus 2 cochons un mâle l'autre femelle de valeur, un de 50 francs et l'autre de 60 francs ou environ; plus 20 bêtes à laine (brebis, bassieux) et un mouton; plus audit étable un lit pour le berger garni sur des planches de paillasse, draps et couvert de chiffons; plus un joug garni de juilles, méjane et taladouire, 4 chaînes à attacher les boeufs, une des quelles coupée; les outils nécessaires pour labourer consistant en un soc sivé arayre garni de plate, reille et cadenas; plus une charrette garnie d'essieu fer et roues ferrées, plus une autre charrette sivé charrue pour porter le fumier garnie de roues sans ferrer avec son essieu fer, plus 2 pioches sivé bigots, · plus dans la grange environ 5 charretées de foin plus environ 3 charrettes de paille au palier à l'aire sol; · plus à la boutique 3 corbeilles sivé desques, une fourche de fer, 3 pelles à bêcher sivé palaviesses fer, une comporte sivé sémal, 2 grandes bêches à fouir, 2 marres et 6 cerclettes, 2 hacherons, 2 petites coignées sivé haches, 2 coins fer, une corde de charrette, 4 faux à couper le blé, 2 faux à faucher les prés, un enclume pour les faux, 2 avant clous sivé tarabelles, une scie et une pelle bois et enfin dans la boutique 12 sacs pomme de terre ou environ amoncelés.

Jérôme Rigal passa le nouveau conseil de révision à l'âge de 20 ans, en pleine campagne napoléonienne à une époque où les insoumis et réfractaires étaient très nombreux. Dans la commune de St-André sur 23 conscrits, il y eut 5 réfractaires, 2 insoumis, 4 incorporés, 4 remplacés, 1 ajourné et 6 réformés. Jérôme, qui dut invoquer ses responsabilités de chef de famille pour éviter d'aller à la guerre, fut conduit le 13 mai 1808 au dépôt militaire de Briançon pour assurer la surveillance des frontières avec l'Italie. Ce couple eut 4 enfants :

1- Marie-Julie, née le 4 novembre 1783 eut naturellement pour parrain et marraine le couple Jean Mazars et Catherine Barbance. Elle se maria le 27 fructidor an 10 (14/9/1802) avec Jean Itier de Bar dit "D'alem". Certains de ses descendants habitent Varen.
2- Marie-Rose, née le 28 juillet 1786 eut pour marraine, son aïeule paternelle, Marie Devals du Périé et pour parrain son oncle de la Méjanie, Jean Couronne. Elle habita Trébessac et épousa à Arcanhac le 3 février 1807, Jean Farjou de Testas, son cousin du 3° au 4° degré. Elle mourut à Testas le 4 janvier 1830 à 44 ans.
3- Jérôme, naquit le 21 mars 1788 et eut pour parrain son aïeul Antoine Rigal qui suit.
4- Marie-Jeanne, née le 1er juillet 1790 fut tenu par Bernard Couronne de le Méjanie et Françoise Cazals de Trébessac, la récente épouse d'Antoine Rigal. Elle se maria à Sanvensa le 31 juillet 1816 avec Jean-Antoine Cougoule de Teulières, famille qui existe toujours (dont fait partie ma belle-soeur, Eliette Cougoule). Elle mourut à Teulières le 29 décembre 1830 âgée de 40 ans.

VII- Jérôme Rigal, à l'âge de 23 ans et majeur, la Révolution ayant abaissé l'âge de la majorité à 21 ans, put choisir une jeune fille à son goût. Marie Cathala fille de Jean-Pierre Cathala cultivateur et Marie Fabre habitait tout près de chez lui, sur les bords de la Serène, au village du Cayrou qui surplombe le Moulinet. Elle appartenait à une famille de forgerons depuis maintes générations. Le contrat de mariage eut lieu le 24 janvier 1811 et le mariage eut lieu en la mairie de la Fouillade le 18 février 1811, soit 25 jours après la signature du contrat de mariage. Jérôme et Marie durent attendre 6 ans avant d'avoir leur premier enfant. A la naissance de Jean-Baptiste et comme cela arrivait souvent à cette époque, Marie Cathala, âgée de 36 ans ne survécut pas à l'accouchement, elle décède le même jour. Quatre jeunes enfants sont orphelins de mère, Jérôme dut faire appel à des servantes pour les élever, les grand-mères étaient également décédées.

1- Jean-Jérôme, qui suit, naquit le 28 juin 1817.
2- Julie, née le 20 septembre 1819 épousa le 28 janvier 1837 Jean-François Ginestet, originaire de Lescure, veuf de Victoire Viallèles et maçon au Cayrou (La Fouillade). Ce couple s'établira d'abord au Cayrou puis plus tard à Sourbins, il aura 3 filles Julie, Eulalie et Nathalie. Les familles Mader et Enjalbert descendent de l'une d'elles.
3- Jean-Antoine, né le 3 avril 1821 deviendra forgeron. Il épouse à St-André le 8 mai 1861 Marie-Rosalie Enjalbert native de Tizac, servante à l'auberge du Chemin Grand. Il vivra quelques temps à Poujols (la Fouillade). Après un partage effectué en 1874 avec sa soeur Julie et son frère Jean-Baptiste, des biens du Cayrou hérités de leurs aïeux Jean Cathala et Marie Fabre il achètera une ferme à Béteille, plus précisément à la Poujade (actuellement propriété de la famille Maurice Tranier). Il aura plusieurs enfants dont 5 vivants lors de sa mort, en 1889 :

· Emilie mariée avec Julien Miquel habitera Toulouse,
· Calixte vivra semble-t-il à Lattes dans l'Héraut.
· Marie qui épouse le 5 juin 1892 Cyprien Viallèles de Lafage restera quelques temps à la Poujade, puis vendra et ira habiter Montpellier. Certains de ses descendants résident actuellement à Marignane.
· Joseph, qui se marie le 31 décembre 1890 avec Angélique Miquel de Béteille, occupera en 1892, le poste de chef d'équipe à la gare de Medjez- Arnad près de Constantine en Algérie.
· Baptiste décède à la Poujade le 23 janvier 1892.

4- Jean-Baptiste, né le 19 avril 1824 se marie le 18 janvier 1854 avec Marie-Anne Rouquet de la Sèverie et héritière des biens de ses parents. Il vivra dans ce village jusqu'en 1894 et il aura au moins 6 enfants :

· Henri, gendarme d'abord en Corse puis à Brouzet dans le Gard.
· Marie. religieuse à Notre-Dame de Lautrec dans le département du Tarn.
· Julie.
· Augustin, marié le 10 novembre 1896 avec Marie-Léonie Dalet de St-André, ce couple ira s'établir à Marseillan dans l'Héraut.
· Cyprien, marié avec Eugénie Dega de la Capellanie. Il meurt le 5 mars 1916 à la Sèverie sans avoir eu d'enfants. Sa femme fera héritier un de ses neveux, Irénée Dega.
· Casimir, qui demande en 1902 un poste de facteur à Lunac.

Le 15 juillet 1825, après 15 mois de deuil, il se remarie avec Marie-Anne Lacombe veuve Trézières de l'Herm et native de la Poujolie de Montirat.

5- Marie-Anne naîtra le 16 mai 1826, restée célibataire elle mourra le 24 avril 1892, à Lunac.

Jérôme n'aura pas de chance, Marie-Anne sa deuxième épouse meurt le 17 décembre 1828, 3 ans après son mariage, peut-être en couches. Jérôme ne se décourage pas, il se marie une troisième fois le 4 mars 1832 avec Marie-Anne Pilot, veuve Joseph Carrié de l'Herm, née à la Borie de Rouergue (St-André). Elle décède en 1855. Cette fois c'est lui qui ne survivra pas longtemps à cette nouvelle union, il meurt 4 ans après, le 17 avril 1836 à l'âge de 48 ans, sa dernière fille n'a que 10 ans et l'aîné, Jean-Jérôme a 19 ans. Un conseil de famille devra donner son consentement lors du mariage de Julie avec Jean-François Ginestet. Malgré tous ces deuils les enfants reçoivent une bonne instruction. Marie-Anne devient institutrice. Elle débute sa carrière vers 1851. Le 3 juillet 1854 elle est nommée à l'école primaire publique de Lunac. Elle y exerce encore en 1862 où, sur 62 filles en âge d'être scolarisées (3 à 7 ans), 38 fréquentent l'école, 28 en payant et 10 gratuitement. Après avoir exercé à Peux dans la région de St-Affrique au sud du département, le 8 février 1881, fatiguée, découragée, atteinte de mal de gorge elle fait valoir ses droits à la retraite et adresse une lettre au Préfet où elle se plaint de l'Inspecteur d'Académie qui lui a fait des reproches injustifiés.

VIII- Jean-Jérôme Rigal, épouse le 1er mars 1848 en la mairie de Laguépie, Marguerite Basse fille de Jean-Pierre Basse et de Catherine Ginestous, née à la Basserie, paroisse de Puechmignon. La veille le 29 février le contrat de mariage avait été passé chez Maître Granier, notaire de Laguépie. Les futurs avaient adopté le régime dotal. Le père et la mère de la future épouse lui constituèrent en dot et en avancement d'hoirie une somme de 3100 francs argent, par égale part. Un supplément de 2150 francs fut versé aux enfants du couple après le partage effectué en 1859 entre les 9 enfants Basse succédant aux biens paternels et à ceux acquis par indivis avec Catherine Ginestous. Celle-ci issue d'une famille aisée de Cessetières, village situé au bord du Viaur près de Bar et petite-fille du notaire Pachins de Villefranche avait apprit à lire et écrire. La tradition orale racontait que Catherine avait été promise en mariage dès sa naissance par son père qui était alors en prison (pendant la Terreur pour avoir caché des prêtres), avec le père de Jean Basse, son futur mari, avec lequel il avait sympathisé. La famille Basse était établie à La Basserie depuis des siècles. Un parchemin pas plus grand que la main daté du temps de Pépin d'Aquitaine était dans la famille avant qu'un incendie détruise en plein mois d'août 1916 la maison avec tous ses précieux documents, meubles, habits... Nous avons le portrait de Jérôme grâce au passeport établi le 26 octobre 1845 pour se rendre à Limoux. Nous savons qu'il mesurait 1,69 m, (taille importante pour l'époque) cheveux châtains, yeux roux, barbe assez fournie, fossette au menton (signe qui semble avoir disparu dans la famille ! ), nez pointu, visage ovale au teint pâle et au front découvert. Les passeports étaient obligatoires pour se déplacer hors de la région. De ce couple naîtront 5 enfants :

1- Pierre-Jean-Antoine notre ancêtre, né le 30 janvier 1849. voir IX a
2- Jean-Jérôme, né le 7 octobre 1850 restera célibataire et habitera d'abord chez son père à l'Hom puis viendra s'établir dans une petite ferme qu'il acheta en 1894 au village du Moulinet, tout près de la demeure de son frère aîné. Ses cousins l'appelaient "l'ermite du Moulinet". Mais dans sa demeure isolée il se tenait au courant de l'actualité et s'adonnait au jeu de la Bourse. Après sa mort survenue le jour des Rameaux, le 7 avril 1929, la presque totalité de ses biens sera léguée à son neveu Michel, meunier au Moulinet. Sa nièce Marie de Laucédat héritera d'un pré.
3- Jean-Baptiste-Martin, né le 11 septembre 1852. voir IX b
4- Marie-Euphrasie Thaïs, née le 28 janvier 1855, entrera au couvent le 29 août 1874 et fera sa profession de foi dans la congrégation de la Ste-Famille le 19 mars 1876, sous le nom de soeur Marie de la Ste-Epine.
5- Marie-Eugénie, née le 25 février 1857 entra aussi dans la congrégation de la Ste-Famille, le 9 mars 1876, 10 jours avant la profession de foi de sa soeur et prit le nom de soeur Suzanne-Marie.

Marie-Eugénie ne profitera pas longtemps de sa maman qui décédera 9 mois après, soit le 5 décembre 1857 suite à une épidémie de typhoïde. Pour éviter la contagion, ses enfants furent envoyés à la Basserie chez leur grand-mère maternelle, Catherine Ginestous. Jean-Jérôme le cadet, âgé de 7 ans fut malade et en garda quelques séquelles. L'aîné Pierre-Jean-Antoine, qui à ses temps libres aimait faire des vers, lui dédie un de ses poèmes, "j'étais nu" qui exprime la souffrance supportée par des enfants privés si tôt de leur mère chérie.

Jean-Jérôme, aidé de sa belle-mère, Catherine Ginestous et de servantes éleva ses 5 enfants du mieux qu'il put soit à l'Hom, soit à La Basserie. Le 1er février 1864, il se remarie avec Marie Segons débitrice de tabac, âgée de 44 ans, née à Louradou, ancienne institutrice aux Combes et veuve de Jean-Baptiste Rigal, instituteur quand il vivait à Arcanhac et décédé le 29 août 1861, 2 ans après son mariage.

Pierre-Jean-Antoine, l'aîné des enfants sera considéré comme bon pour le service, malgré sa constitution faible marquée sur son dossier le jour du conseil de révision. D'après son livret militaire il mesurait 1,66 m, avait un visage ovale, des yeux roux, un nez petit, une grande bouche, un menton relevé, des cheveux et sourcils châtains. Il servira la nation pendant 5 ans et fera la guerre de 1870. Incorporé comme soldat de 2° classe, il effectuera la campagne contre l'Allemagne du 30 août 1870 au 7 mars 1871 et revint chez lui pendant les affrontement de la Commune à Paris.

Il accède au grade de caporal le 16 octobre 1872, apprend l'escrime et la nage. Il effectue comme sergent au 142° régiment d'infanterie un séjour à Perpignan en l'année 1874, avant d'être libéré définitivement de ses obligations militaires.

Jean-Jérôme décédera à l'âge de 80 ans, le 28 mars 1897. Marie Segons, sa seconde femme lui survivra 9 ans, elle décède le 29 novembre 1906.

Sa dernière fille, Eugénie ou soeur Suzanne-Marie ne vivra pas longtemps. Entrée au noviciat à 19 ans, elle occupera 2 postes d'une durée de 2 ans soit à Sapiac (Montauban) soit à Ste-Claire et meurt à l'âge de 23 ans, le 3 février 1881. Voici ce qu'écrivait la Supérieure Générale après sa mort : "C'était une enfant privilégiée et prévenue de la grâce : Elle a été fidèle, s'est donnée à Dieu de bonne heure et sans réserve. Sa conduite au sein de sa famille, au noviciat et depuis a été un continuel sujet de consolation et d'édification pour tous. Elle a peu vécut parmi nous, mais elle a bien vécu : Nos Soeurs de Sapiac et de Ste-Claire rendent le meilleur témoignage de son bon esprit, de son dévouement, de sa charité, de l'aménie de son caractère. La candeur de l'innocence se reflétait sur son visage et exerçait une douce influence, une sorte d'attraction sur ceux qui l'approchaient, surtout pendant sa maladie".

Cette communauté de religieuses était en pleine expansion, la fondatrice, mère Emilie de Rodat venait d'être nommée Vénérable en 1872. L'admission était encore réservée à des filles de familles assez aisées, une dot et une pension devaient être versées avec des conditions très réglementées et officialisées. Nous avons un exemplaire de l'acte datée du 9 mars 1876.

Euphrasie Thaïs qui avait pris l'habit à 21 ans, eut une vie beaucoup plus mouvementée. Le nécrologue établi après sa mort survenu au Brésil en 1914, où elle enseignait le français depuis 1906, est édifiant sur sa vie de ferveur, de générosité et d'amour des enfants. Après avoir vécu à Aubin 2 ans et à Villebourbon (quartier de Montauban) 6 ans, elle revient à la Maison-Mère et enseigne pendant 24 ans à l'école St-Vincent. A l'âge de 51 ans elle s'embarque pour le Brésil pour aller continuer son métier d'enseignante. Pendant 8 ans elle correspondra avec sa famille et ses amis, décrivant avec beaucoup de précision son nouveau pays.

IXb- Jean-Baptiste-Martin Rigal plus connu sous le prénom de Martin ou Marty se maria le 28 avril 1880 avec Fébronie Bergounhou de la Méjanie, village de St-André situé à 2 km environ à vol d'oiseau de l'Hom. Le contrat de mariage est passé le 23 avril devant Maître Robert, notaire à la Fouillade : Martin hérite de son père et de sa marâtre Marie Segons et il reçoit le 1/4 des biens, Fébronie est aussi l'héritière universelle et générale de ses parents qui lui donne aussi le 1/4 de leurs meubles et immeubles. Le couple habitera d'abord chez Jérôme Rigal à l'Hom en compagnie du frère cadet Jean-Jérôme, du domestique Jean-Pierre Calvignac, âgé de 40 ans, de Marie Calmette, servante, âgée de 30 ans et de Marie Latour, bergère. En 1892 la famille de Martin habite la Méjanie, la mère de Fébronie devenue veuve a du mal à s'occuper de sa ferme même avec l'aide de domestiques. Jérôme Rigal affermera le Bourbou à Alexandre Pradines et à sa femme Adeline Courrège, aidés d'un domestique et d'une servante. La ferme qui avait une contenance d'une quinzaine d'hectares en 1838, a alors 17 ha, elle est constituée de plusieurs terres, prés, bois, châtaigneraies et vignes. De nombreux arbres fruitiers constituent un apport non négligeable, à la saison des récoltes on embauche des ramasseurs et ramasseuses de châtaignes. Après la mort de son père, Martin revient habiter au Bourbou, il met un régisseur à la Méjanie secondé par 3 domestiques. Le domaine est grand et dispersé, il faut cultiver des terres à Lagarde-Viaur, St-Christophe, Fontvieille, la Lande et St-André. Le frère et la soeur de Fébronie, religieux ont laissé à leur soeur le soin de s'occuper des biens de leurs parents. Fébronie Bergounhou meurt le 10 avril 1910, Martin, ami du député très connu Alfred Cibiel reçoit personnellement ses condoléances qui essaieront de dissiper sa mélancolie. Le 4 juin 1912 il épouse Marcelline, couturière à St-André, âgée de 70 ans qui décède le 1° mars 1922, ayant vécu 10 ans auprès des plus jeunes enfants de Martin qui n'avaient pas très bien accepté cette belle-mère. Martin épousa en troisième noce le 23 août 1922, 5 mois après le décès de Marcelline, Marie-Justine Rigal, veuve de Joseph Ferrié de Mazerolles, née à Compolibat et âgée de 59 ans qui meurt le 28 décembre 1926 au Bourbou. Son fils Adrien Ferrié sollicitera l'autorisation de faire transporter son corps à Mazerolles pour être inhumé dans le cimetière de cette paroisse. Les rapports des enfants avec leurs marâtres ne furent pas toujours excellents, mais Martin s'en accommodait tant bien que mal. Le 10 août 1921, le partage des biens de Fébronie Bergounhou a lieu entre les 8 enfants survivants, 8 lots sont tirés au sort. Berthe recède son legs pour la somme de 5000 francs à sa soeur Marie à qui est revenue une partie des bâtiments et des terres de la Méjanie. Alfred qui résidait à la Méjanie reçoit la plus grande partie de la ferme de Fontvieille qu'il ira dès lors habiter. Les autres enfants seront lotis de terres, prés, châtaigneraies situés dans la commune de St-André ou de Lagarde-Viaur et qu'ils revendront pour la plupart à leurs frères ou soeurs restés au pays. Le 30 janvier 1937, Martin fait son testament devant maître Lafon, notaire de Najac, partageant sa propriété entre ses 7 enfants survivants. Sa dernière fille Mélanie avait été nommée son héritière dans son testament olographe daté du 3 mars 1928 et avait reçu le 1/4 des biens. Le total de l'évaluation des 3/4 dont il disposait furent estimés à 46 000 francs à partager en 7 parts: c'est ainsi que Louis eut 2 chambres et le four contigu, plus un poulailler et des parcelles de terre. Les autres enfants se partagèrent les terres situées à St-André et St-Christophe. Martin décédera le 10 février 1940, au début de la seconde guerre mondiale. Aimant le progrès, il avait salarié ses domestiques et prenait le temps même pendant les travaux agricoles de lire son journal : "il arrêtait ses boeufs au bout de la raie du labour et lisait son journal qu'un de ses ouvriers venait de lui amener". Le couple Martin Rigal et Fébronie Bergounhou eut donc de nombreux enfants :

1- Léon Joseph Jérôme, né le 28 juin 1882, marié le 17 avril 1907 avec Doria Pradines de Castanet (Tarn-et-Garonne) sera employé à la compagnie de chemin de fer d'Orléans et changera plusieurs fois de résidence. Il décédera à Ivry en 1953 (âgé de 71 ans) et sa femme en 1976.
2- Gaston Emile, né le 24 avril 1884 se marie le 31 octobre 1912 avec Clémentine Trézières du Castagnié à La Fouillade. Il sera électricien à Paris et se retirera avec sa femme à l'âge de la retraite dans une maison construite près du Bourbou sur un terrain dont il avait hérité. Sans enfants ils décéderont à St-André, Gaston le 1° juin 1966 (âgé de 82 ans) et Clémentine le 4 janvier 1971.
3- Barthélémi Louis, né le 24 août 1885 épouse le 21 avril 1914 Léa Pradines, couturière de Castanet (82) et soeur de Doria. Employé de la compagnie du chemin de fer du Nord, il s'établira à Paris puis à Drancy. Louis meurt le 29 octobre 1959, à l'âge de 74 ans.
4- Alfred Zéphirin, né le 25 août 1889 se marie le 16 avril 1917, lors d'une permission pendant la guerre, avec Ernestine Farjounel de Castanet (82). Il décédera le 28 août 1963, âgé de 74 ans et sa femme le 9 août 1965 après avoir consacré une partie de sa vie à soigner son mari immobilisé sur une chaise.
5- Marie Eugénie, née le 24 mai 1891, se marie le 26 février 1908 avec Célestin Déga de Pradines (St-André). Ils habiteront au Roc de Matha, lieu situé près du Bourbou en bordure de la route. Célestin est porté disparu au combat de Lunéville, le 22 août 1914 et Eugénie meurt peu d'années après le 20 mars 1919, âgée de 28 ans. Leur fils Rémi Déga décédera à l'âge de 15 ans.
6- Marie Julie, née le 2 décembre 1893 épouse le 23 juin 1921 Ernest Cros de Combecave (Lagarde-Viaur). Elle habitera la Méjanie dans la ferme de sa mère où elle décédera le 15 septembre 1945 à l'âge de 52 ans. Son mari lui survit 10 ans.
7- Berthe Sidonie, née le 9 septembre 1895 se marie le 17 juillet 1920 avec Albert Olié des Mazières (Lunac). Ils s'établiront d'abord aux Mazières puis dans la région parisienne, à Romorantin. Berthe décède le 24 juillet 1988, à un âge très avancé, 93 ans.
8- Honoré, né le 7 juillet 1898 épouse le 19 novembre 1921 Léa Bedel de Castanet (82). Comme ses frères il s'établit dans la région parisienne. Il meurt peu de temps après le 8 juin 1928 sans laisser de postérité. Sa femme remariée et veuve une deuxième fois sans enfant vit à Sanvensa actuellement.
9- Mélanie Lucie, née le 7 janvier 1901 se marie le 21 février avec Marius Cros de Combecave (Lagarde-Viaur) et frère d'Ernest Cros. Le couple habitera jusqu'en 1925 à Combecave puis viendra s'établir au Bourbou et travaillera en commun avec leur père et beau-père. En 1929, Martin propose à sa fille et son gendre un contrat, très avantageux pour l'époque, qui salariait le couple.

Rameau du Moulinet

IXa- Pierre-Jean-Antoine Rigal épousa le 21 novembre 1875 une jeune fille de St-Salvadou, Marie-Eulalie-Nathalie-Rosalie Marty fille unique de Sauveur Marty et de Marie-Anne Rouziès, de Talespie. Le père Sauveur Marty était né à Vezac. Il aimait raconter à ses petits-enfants que son trisaïeul Noël Couronne avait eu 18 filles et d'un tempérament très jovial répondait, lorsque l'une d'elles venait de naître, au farceur qui lui faisait une demande en mariage, "celle-là est déjà promise ce sera la prochaine". Or malgré toutes les recherches il s'est avéré impossible de retrouver cette longue liste de filles, 9 seulement, soit la moitié, nous sont connues et 7 se marièrent. La mère de Rosalie, Marie-Anne Rouziès descendait d'une famille originaire d'Agens, village de St-Salvadou où vécurent les ancêtres de l'abbé Bessou apparentés à ceux de Marie-Anne. Enfin un frère de Sauveur Marty se maria avec une tante de Justin Bessou et habita Méjalanou. Des relations très étroites et une grande amitié unirent le poète et notre famille surtout lorsque la cure de St-André fut attribuée à Justin Bessou.Le contrat de mariage passé le 13 novembre devant maître Granier notaire à la résidence de Lunac.

Pierre-Jean-Antoine ira s'établir chez ses beaux-parents à Talespie dans une maison beaucoup moins grande que celle qu'il occupait à l'Hom et où naîtront ses 6 premiers enfants.

En 1880 un moulin situé sur la commune de St-André est en vente. Pierre-Jean-Antoine n'hésite pas, il réunit une partie de l'argent de sa dot et de la vente de quelques terres à St-Salvadou et achète aux successeurs de feu Edmond Déléris, habitant de Souloumiac quand il vivait, pour la coquette somme de 12 000 francs le moulin du Moulinet et une petite mouline située à la Bruyère au moulin d'Imbes sur la commune de la Fouillade avec patus, maisons, terres, granges et leurs dépendances et leurs accessoires. Il paiera à ses vendeurs la somme en 6 termes égaux de 2000 francs, le premier viendra à échéance dans un an, avec intérêt à 5 %.

Les usines sont apparemment en bon état, toutefois quelques réparations seront nécessaires, vannes du moulin et vis de pressoir. La maison est inexistante, deux pièces au-dessus du moulin abritent le meunier et sa famille. C'est insuffisant pour Pierre, Eulalie et leurs 4 enfants. En 1881 le couple y habite avec leur dernière fille, Marie-Eulalie, âgée de 5 mois, leur domestique et leur servante et François Lacroix, garçon-meunier. Les aînés sont restés chez les grand-parents. Pierre a besoin d'apprendre son métier et de surveiller les travaux de la construction d'une maison bâtie au-dessus du moulin à huile et à scie. Elle sera composée d'une grande pièce avec cheminée, alcôve sous l'escalier, évier et potager en pierre de taille (où les plats resteront au chaud), de 2 chambres, celle des parents et celle des enfants beaucoup plus grande. Les pièces au-dessus du moulin logeront les domestiques. Les travaux sont longs, il faut scier le bois nécessaire à la construction des charpentes et des planchers, trouver les ouvriers et surtout les payer. Pierre-Jean-Antoine emprunta à des parents et amis : Célestin Bosc de la Fage, Antoine Cougoule de Teulières, Mme Montarry de Cantagrel (Najac), Mme Basse de Najac, Léontine Bergounhou de la Méjanie... Pour rendre cet argent Pierre demande à son 2° frère, Martin, héritier de son père, de lui verser le restant de sa dot. Sur son refus il lui rappelle qu'il a bénéficié de la faveur dont lui aurait dû jouir étant l'aîné : "Vu les dispositions si sages établies en faveur des fils aînés, au chapitre 21 du 5° livre de Moïse, verset 15 et suivants".

La maison est enfin terminée en 1884, son bâtisseur est heureux, il y consacre un de ses poèmes. Au recensement de 1886, 13 personnes y logent, le couple et leurs 7 enfants, le grand-père devenu veuf, une couturière, Eulalie Muratet, François Lacroix, meunier et Julien Lagarrigue, maître particulier. Car le moulin étant situé assez loin de St-André, Pierre-Jean-Antoine préféra pour ses jeunes enfants avoir un instituteur chez lui qui leur ferait l'école sur place et où pourraient venir les enfants du village voisin de Canabral.

Il garda des rapports très amicaux avec l'institutrice, Rosalie Caussanel originaire de Pachins qui avait succédé à Julien Lagarrigue de janvier 1887 au 3 septembre 1888. Elle prit souvent des nouvelles de ses anciens petits élèves : "On ne soigne pas des enfants pendant presque 2 ans sans s'y attacher... Donnez-moi, je vous prie cher Monsieur des détails sur tous vos enfants, le moindre m'intéresse beaucoup, un mot aussi de mes anciens élèves pour lesquels je conserve beaucoup d'affection... Je voudrais bien avoir un petit compte rendu de leur conduite... Mes caresses à Michélou, à Eugénie, à Joseph, à Eulalie, à Anne. C'est Marie qui les distribuera et elle en gardera pour elle une bonne partie. Quant à Pierre il ne doit pas oublier que c'est l'année de sa première communion et Lambert doit aussi faire des progrès dans la voie de la sagesse : ce mot résume toute leur conduite, ils le savent bien. J'envoie à leur adresse un petit sac de bonbons. Rigallou les distribuera, mais qu'il prenne garde d'être égoïste..." Voici la liste de tous ces enfants qui naissent à un rythme très rapproché, 14 à 16 mois, 11 mois parfois.

1- Jean-Pierre, né le 19 octobre 1876 à Talespie, marié le 21 juin 1907 avec Marie-Hélène Orliac de Prévinquières, décédé le 3 mars 1947, âgé de 71 ans.
2- Marguerite, née le 9 décembre 1877 également à Talespie, morte le 24 août 1882 à l'âge de 4 ans et demi.
3- Jérôme-Lambert, né le 27 février 1879 à Talespie, mort le 18 mars 1918 au Moulinet, célibataire et âgé de 39 ans.
4- Anne-Elisabeth, née le 7 juin 1880 à Talespie, religieuse de la Ste-Famille, infirmière à Figeac puis à Rulhe où elle décédera le 18 septembre 1944, âgée de 64 ans.
5- Marie-Eulalie, née le 16 mai 1881 à Talespie, mariée le 25 mai 1904 à Laguépie avec Jean-Pierre Basse, cousin germain de son père habitant la Basserie. Elle décédera à Grand Jouan le 9 août 1962 à l'âge de 81 ans.
6- Marie, née le 21 avril 1883 à Talespie, mariée le 15 septembre 1912 en la mairie de la Fouillade avec Marcellin Viallèles du Crouzet. Elle décède à Laucédat le 25 octobre 1937 à l'âge de 54 ans seulement.
7- Joseph sera le premier enfant à naître au Moulinet le 26 décembre 1884, la grossesse n'avait pas été facile deux jumeaux se présentèrent, un seul survécut, le second ne fut même pas enregistré. Joseph se maria le 19 juin 1917 avec Maria Cougoule des Gravasses (Testas) et décède le dernier de la famille, 2 mois après son frère Michel, soit le 16 octobre 1971, à l'âge de 87 ans.
8- Marie-Eugénie, née le 8 avril 1886, mariée le 28 novembre 1908 avec Aristide-Bénoni Lasserre de la Calvarié près de Cordes, décède à Blaye-les-Mines le 10 décembre 1962, âgée de 76 ans.
9- Michel-Paul, né le 13 septembre 1887, marié avec Aurélie-Suzanne Caussanel le 28 mai 1921. C'est l'abbé Bessou, nouveau curé de St-André et ami de la famille qui le baptisa en présence de son parrain Jean-Pierre, son frère aîné. Il décède à l'âge de 84 ans le 5 septembre 1971.
10- Jean-Hubert-Naamas (prénom d'un saint du Rouergue), né le 6 novembre 1889 mourra à 3 ans le 18 mars 1894, victime d'une épidémie très mortelle à l'époque, la diphtérie ou "le croup". C'était un enfant bien plus costaud que son frère Michel, de 2 ans son aîné.
11- Marguerite-Geneviève, née le 9 février 1891, rentra au carmel en mai 1921 à Condom (Gers) et ira ensuite à Armentières où elle mourra le 8 avril 1970, dans sa 80° année.
12- Justin-Auguste, né le 4 juin 1892, marié à l'âge de 40 ans en 1932 avec Marie Cros de Combecave près de Lagarde-Viaur où il meurt le 20 décembre 1964, âgé de 72 ans.
13- Marie-Clotilde-Cécile, née le 22 février 1894, se consacra à la vie religieuse. En novembre 1913, à l'âge de 19 ans elle rentre au carmel en Espagne et son carmel ayant été autorisé à revenir en France elle habitera ensuite Narbonne puis Grasse (Alpes-Maritimes) où elle décédera le 11 avril 1961, âgée de 67 ans.

Pierre-Jean-Antoine Rigal ne deviendra pas très vieux, au mois de juin 1907 il tombe gravement malade suite à une infection intestinale (péritonite?). Ses enfants ne sont pas tous près de lui. Joseph qui fait son régiment à Constantine dans les colonies, lui écrit le 1° juillet : "Je suis très affligé de la nouvelle que je viens d'apprendre par la missive de Michel sur votre santé et j'espère que la présente vous trouvera beaucoup mieux et je souhaiterais qu'elle vous trouve en parfaite santé... J'espère que dans votre suivante vous me donnerez de meilleures nouvelles sur votre santé, bien aimable papa et je souhaite que vous soyez bientôt guéri..."

Hélas il ne répondra pas à son fils si éloigné. Il décède une semaine plus tard le 8 juillet 1907, laissant à son fils cadet, Lambert la succession de son moulin. Sa femme, Rosalie Marty vivra une vingtaine d'années de plus, malgré une santé délicate, elle meurt le 15 avril 1928, le jour des Rameaux, laissant le souvenir d'une femme très douce.